Pour adhérer à l’Union européenne, la Moldavie tourne le dos à son passé russe (PARMENTIER – France Culture)

La Commission européenne a donné le feu vert aux négociations pour l’adhésion à l’Union européenne non seulement de l’Ukraine, mais aussi de la Moldavie, autre pays postsoviétique, enclavé entre la Roumanie et l’Ukraine avec qui elle partage une frontière de 939 km…

Avec

  • Florent Parmentier Secrétaire général du CEVIPOF/Sciences Po, chercheur associé au Centre de géopolitique de HEC

Cela fait quelque temps que cette ancienne république soviétique a entamé un rapprochement avec l’Union européenne, qui s’est accéléré avec l’élection d’une présidente pro-Europe en 2020, puis, avec de la guerre en Ukraine… Comment la Moldavie en est-elle arrivée à avoir le vent en poupe pour adhérer à l’Union européenne ?

La Moldavie, plus que jamais proche de l’Europe ?

Située entre la Roumanie et l’Ukraine, la Moldavie est un État qui n’était pas sur la carte des élargissements européens avant la guerre en Ukraine. D’une superficie similaire à la Belgique et du haut de ses 3 millions d’habitants, la Moldavie est aujourd’hui dans une situation assez unique : l’Union européenne a reconnu sa candidature d’intégration. “La présidente Maia Sandu, élue en novembre 2020, a mis en place un projet de rapprochement avec l’UE. Au départ, ce projet avait vocation à se concentrer sur les réformes internes et faire fi de la géopolitique. Elle a été une réformatrice efficace et beaucoup de choses sont allées dans le sens de l’UE. Ce qui a changé avec la guerre, c’est que l’attention des Européens sur la région a radicalement changé. Ainsi, un sommet de la communauté politique européenne s’est tenu en Moldavie et on constate aujourd’hui que l’Europe a un intérêt pour ce pays”, explique Florent Parmentier, politologue et secrétaire général du CEVIPOF.

La fin d’une dépendance à la Russie ?

Suite à la reconnaissance de son statut de candidate en juin 2022, neuf priorités ont été établies pour confirmer ce rapprochement européen. “Les dirigeants moldaves sont sous pression, car la Moldavie a eu à gérer de nombreux défis avec la guerre. Cependant, ils ont réglé des questions aussi difficiles que la diversification énergétique : auparavant, la Russie disposait d’une sorte de monopole d’exportation et l’ensemble de la consommation moldave de gaz venait de Russie. De même, il y a eu un certain nombre de menaces depuis le début de la guerre en Ukraine. La Russie tente en effet de déstabiliser le gouvernement moldave en attisant le conflit séparatiste qui a lieu à l’est du pays et qui n’est pas véritablement résolu depuis 1992”, souligne Florent Parmentier, qui rappelle par ailleurs qu’aucun pays, à l’exception de Chypre, n’est entré dans l’Union européenne avec un conflit non résolu en son sein.

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Un candidat sérieux à l’Europe ?

Longtemps, la Moldavie n’a pas été considérée comme un candidat sérieux à l’élargissement. Aujourd’hui, la situation est différente, car la situation actuelle de guerre rend cette intégration tout à fait imaginable. Dans ce contexte, Florent Parmentier estime que les élections présidentielles de 2024 seront décisives pour le destin de ce pays en Europe. “La question qui se pose surtout, c’est quelle sera la situation de la Moldavie à la sortie de la guerre, tant sur les plans économique, politique que militaire”, conclut-il.

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