Moldavie : les risques de rapprochement entre la région sécessionniste de Transnistrie et la Russie (PARMENTIER – France Culture)

Depuis mercredi, les yeux des observateurs européens (mais pas que) se sont tournés vers la Moldavie, ou plus précisément, la Transnistrie, ce territoire d’environ 4 000 km2 à l’est du pays, partageant sa frontière avec l’Ukraine.

Avec

  • Florent Parmentier Secrétaire général du CEVIPOF/Sciences Po, chercheur associé au Centre de géopolitique de HEC

Les pro-russes qui gouvernent cette région séparatiste ont demandé à la Russie des “mesures de protection” face aux pressions qu’elles disent subir de la part des autorités moldaves. Alors que la guerre en Ukraine a ravivé les tensions dans la région, comment comprendre cette demande des Transnistriens et quelles peuvent en être les conséquences ?

La Transnistrie, région séparatiste de la Moldavie

Florent Parmentier, politologue, secrétaire général du CEVIPOF, chercheur associé au Centre de géopolitique de HEC, revient sur l’histoire de ce territoire : “l’Etat de la Moldavie est né en 1991 suite à la chute de l’Union Soviétique. C’était l’une des 15 républiques socialistes soviétiques de l’URSS, et au sein de ce territoire moldave, de l’autre côté du Dniestr, il y avait un petit territoire qui n’avait pas d’existence préalable en 1991. Le reste de la Moldavie était tourné vers la Roumanie, et la Transnistrie voulait garder un lien particulier avec la Russie. Depuis 1992, c’est donc dans une enclave séparatiste. La grande particularité de la Transnistrie par rapport à d’autres conflits séparatistes de l’espace post-soviétique, est que depuis le cessez-le-feu de juillet 1992, il n’y a pas eu un seul mort. Chaque jour, des milliers de Transnistriens viennent travailler à Chisinau, la capitale de la Moldavie. Pendant plus d’une vingtaine d’années, le champion de football de ce pays était le Sheriff Tiraspol, c’est-à-dire le club de la capitale du régime séparatiste. En termes de rencontres et de dialogues entre les deux rives, il n’y a pas de difficultés interpersonnelles comme cela a pu exister dans d’autres endroits, comme au Nagorno-Karabakh par exemple ».

Les répercussions de la guerre en Ukraine

La Transnistrie a lancé un appel à l’aide à la Russie, mais pour Florent Parmentier, il ne peut pas être suivi d’effets militaires : “vous ne pouvez imaginer un conflit comme dans l’est de l’Ukraine qu’à partir du moment où il y a une forme de continuité territoriale. Elle n’existe pas ici, car le front le plus proche est à Kherson, à plus de 200 kilomètres. Comment peut-on alors approvisionner des troupes, des hommes, des munitions ? C’est impossible. La guerre est une très mauvaise chose pour la Transnistrie. Elle a su jusqu’à présent jouer, s’appuyer, trouver des réseaux en Russie et en Ukraine qui lui permettaient de pouvoir s’adapter aux différentes divisions et de profiter d’un statu quo. Ce statu quo est fondamentalement remis en cause par la guerre et donc amène en quelque sorte les élites transnistriennes à appeler à l’aide”.

L’émission peut être écoutée ici.