L’Ukraine rentrera le mois prochain dans sa troisième année de guerre à grande échelle. La Russie qui a lancé l’invasion de son voisin le 24 février 2022, contrôle environ 17% du territoire ukrainien. Sur un front aujourd’hui quasi figé, les deux camps affinent leurs plans pour tenter de faire basculer le cours de la guerre en 2024.
Avec une armée russe qui reprend l’initiative et une contre-offensive qui n’a pas réussi la percée attendue pour espérer regagner les rives de la mer d’Azov, l’Ukraine doit revoir sa stratégie. Elle doit aussi résoudre deux principaux problèmes : le manque d’hommes et de matériel. Munitions, artillerie, drones, défense sol-air : le pays attend une aide occidentale qui marque le pas.
Les forces armées ukrainiennes ont aussi besoin de renforts, faute de quoi, elles se dirigent vers une défaite dès la fin 2024, selon les prédictions d’un haut gradé ukrainien. Le gouvernement a introduit au Parlement un projet de loi sur la mobilisation, dont les contours restent encore flous. Volodymyr Zelensky avait évoqué un plan de l’armée qui propose de mobiliser « 450 000 à 500 000 personnes supplémentaires » en 2024. Une mobilisation qui s’annonce délicate.
Pour Florent Parmentier, secrétaire général du Cevipof et chercheur associé à HEC, la question pour 2024 ne sera pas « celle d’une nouvelle contre-offensive ukrainienne, mais plutôt celle de la capacité de résistance des Ukrainiens à de nouvelles attaques russes. »
Vu l’échec de la contre-offensive ukrainienne, la question à présent pour la Russie est plutôt de savoir où reprendre l’offensive et comment faire pour, s’il y a des succès, exploiter ces succès. On voit que de ce point de vue là, il a été compliqué pour les Ukrainiens de poursuivre leur offensive. Ils ont cessé de la mener à bien parce qu’elle ne produisait pas les effets attendus.
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Florent Parmentier, secrétaire général du Cevipof et chercheur associé à HEC
Anne Corpet
De son côté, le président russe, Vladimir Poutine, a estimé que toute nouvelle mobilisation n’était « pas nécessaire ». Elle ne devrait, en tout cas, pas être à l’ordre du jour, avant la présidentielle du 17 mars.
La Russie, dont les usines d’armements tournent à plein régime et qui est soupçonnée d’avoir reçu de grandes quantités de munitions de la Corée du Nord, ne prévoit pas de baisse des dépenses militaires avant 2025.
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