Les dirigeants de cette région séparatiste prorusse de Moldavie ont demandé la « protection » de la Russie. Certains pays craignent l’émergence d’un nouveau front.
Par Claire Digiacomi
INTERNATIONAL – C’est une petite bande de terre d’à peine un peu plus de 4 000 km² – environ la taille de la Corse-du-Sud – vers laquelle les regards de la communauté internationale se tournent. La Transnistrie, région séparatiste prorusse de Moldavie, a officiellement demandé le soutien de Moscou, mercredi 28 février, face au pouvoir en place à Chișinău.
Réunis en congrès extraordinaire à Tiraspol, la capitale de cette république autoproclamée, les députés de Transnistrie ont réclamé au Parlement russe de « mettre en œuvre des mesures pour protéger » ce petit territoire où vivent « plus de 220 000 citoyens russes » face à une « pression accrue de la part de la Moldavie ».
« Cette pression est essentiellement d’ordre économique », explique Florent Parmentier, géopolitologue et spécialiste de la Moldavie, interrogé par Le HuffPost. Car depuis l’ouverture des négociations, en décembre 2023, pour son entrée dans l’Union européenne, le pays a dû mettre en place des réformes économiques. « La Transnistrie elle-même s’est rapprochée des marchés de l’UE. Mais ce qui a changé, c’est qu’il est attendu que le territoire paie aussi des taxes à Chișinău. C’est un effondrement des recettes fiscales en perspective pour la Transnistrie », précise-t-il.
(…)
Mais il y a « une différence fondamentale », note Florent Parmentier : la « continuité territoriale ». Contrairement à l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, deux régions séparatistes de Géorgie dont Moscou a reconnu l’indépendance, ou au Donbass et à la Crimée, territoires ukrainiens occupés, la Transnistrie n’est pas frontalière de la Russie. « Il peut donc se passer des choses sur ce territoire, mais pas une annexion ou une entrée violente dans le conflit », estime-t-il.
Sur le plan militaire, Moscou y maintiendrait environ 1 500 hommes. « Tant qu’il n’y a pas de troupes russes en position à Odessa [le grand port du sud de l’Ukraine, cible d’attaques de la Russie, proche de la frontière avec la Moldavie], Moscou ne peut pas y envoyer de soldats, assurer la relève… Avec un conflit aussi intense qu’en Ukraine de l’est, en deux ou trois semaines, il n’y aurait plus aucun homme », juge le géopolitologue.
Vladimir Poutine, même s’il reconnaît le pouvoir local de ce bout de terre, ne l’a d’ailleurs lui-même jamais reconnu comme un État indépendant. « Parce que son intérêt est plutôt de peser sur la Moldavie », estime Florent Parmentier.
L’intégralité de l’article peut être lue ici.
