Eurovision : la participation d’Israël, enjeu géopolitique ? (PARMENTIER – L’Humanité)

Kitsch à souhait mais populaire, le concours de la chanson a attiré l’an dernier plus de 162 millions de téléspectateurs. Le show continental engrange des milliards de vues et bat des records d’engagement sur les réseaux. Car l’enjeu est ailleurs. Bien que l’Eurovision soit officiellement « apolitique », la politique y joue un rôle majeur. Et le cru 2024, en pleine guerre à Gaza, est des plus intenses. Jeudi 9 mai, des milliers de personnes ont de nouveau manifesté à Malmö contre la participation de la candidate israélienne qui s’est qualifiée pour la finale de samedi.

(…) Selon Florent Parmentier, secrétaire général du Cevipof/Sciences-Po et chercheur associé au Centre de géopolitique de HEC, l’Eurovision serait un reflet de la manière dont les pays souhaitent se représenter. « Le concours a été créé après la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte de ”plus jamais ça”. On a voulu un grand événement à même de rapprocher les peuples par la culture populaire. La dimension festive existe, mais derrière il y a clairement une question d’image, avec des spécialistes du marketing qui travaillent sur le sujet. »

(…) Si la politique et ses travers gravitent tout autour du concours glamour, Florent Parmentier explique que l’Eurovision s’inscrit avant tout comme un événement géopolitique où « tout contenu politique est prohibé. » Les votes finaux des pays, précédant ceux du public, répondent à ses logiques : « Quand l’Ukraine gagne en 2022, c’est géopolitique (…). Les États latins ne se mobilisent pas en collectif, mais les ex-yougoslaves, par exemple, représentent un groupe conscient qui vote les uns pour les autres. » Et en saisissant le jeu des nations à l’œuvre, on devine les raisons de l’exclusion de la Russie et du maintien d’Israël dans la compétition : « Outre les relations tendues entre l’Eurovision et la Russie, il y a un consensus au sein des sociétés européennes pour condamner le pays en tant qu’agresseur. Pour la Palestine, certains pays souhaitent la reconnaissance de deux États, quand d’autres comme la République tchèque se disent alliés d’Israël. » Eurovision hypocrite, ou simple reflet du monde occidental ?

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