Sécurité en Baltique : l’OTAN ne suffit pas! (BRET-Institut Delors)

Reléguée au second plan des préoccupations maritimes européennes derrière la mer Noire, la mer Rouge et la mer Méditerranée, la Baltique demeure pourtant un foyer structurel de crises pour les Européens. Risque-t-elle de devenir la prochaine zone de confrontation avec la Fédération de Russie ? Ou bien, est-elle durablement entrée dans les eaux glacées d’une « nouvelle Guerre Froide », figée dans une tension durable sans conflit de haute intensité ?

L’indifférence, l’amnésie ou la négligence ne sont pas de mise dans cet espace où la Russie a perdu nolens volens son hégémonie, où l’OTAN s’est progressivement imposée et où plusieurs États membres importants de l’UE jouent leur prospérité économique et leur sécurité militaire. En effet, les Etats riverains de la Baltique produisent près de 40% du PIB de l’Union européenne et sont ceux dont les budgets de défense ont le plus augmenté depuis 2022. La Pologne fait désormais figure de puissance économique et militaire dans la zone : en effectifs, elle est devenue en 2023 la troisième armée de l’OTAN après les Etats-Unis et la Turquie?

Les Européens n’ignoreront la Baltique qu’à leur détriment. À l’inverse, la sécuriser doit constituer une priorité de leur nouvelle posture stratégique. L’otanisation de cet espace a été graduelle (2004-2024) et significative. Mais la Baltique reste secondaire pour les États-Unis alors qu’elle est d’importance vitale pour l’UE. Les Européens ne doivent s’assoupir dans la certitude que l’Alliance atlantique découragera à elle seule les initiatives russes dans cet espace. L’otanisation de la Baltique ne garantit pas à elle seule sa sécurisation. C’est une affaire européenne que les Européens doivent résolument et collectivement saisir avant que les crises ne se réveillent dans la zone.

Retrouvez mon papier sur le site de l’Institut Jacques Delors Notre Europe.