Jade Grandin de l’Eprevier cite Florent Parmentier dans L’Opinion.
(…) Dimanche 3 novembre aura lieu le deuxième tour de l’élection présidentielle moldave, opposant la pro-européenne Maïa Sandu à son adversaire pro-russe Alexandr Stoianoglo. La semaine dernière, les électeurs de cette petite république d’Europe de l’Est se sont prononcés de justesse pour l’adhésion à l’UE, grâce aux votes de la diaspora. In fine, malgré un soutien « massif des Européens depuis 2022, le résultat a été plutôt étriqué, observe Florent Parmentier, chercheur associé au Centre de géopolitique d’HEC. C’est l’élection parlementaire de 2025 qui fixera la vérité des prix en matière d’orientation européenne du pays. » Depuis deux décennies, la Moldavie « mène une forme de politique équilibriste pour ne pas se fâcher avec la Russie mais entretenir des relations avec l’UE, destination majoritaire des exportateurs », ajoute l’expert, également secrétaire général du Cevipof (Sciences Po).
« L’UE a peu de raisons de présenter un bilan flatteur de sa politique de partenariat oriental définie en 2009 », souligne Florent Parmentier. Cette stratégie, créée à l’initiative des diplomaties polonaise et suédoise, était une réponse à l’Union pour la Méditerranée lancée en 2008, sous l’influence de la France, qui regardait au Sud. Elle consistait à renforcer les liens avec six pays : Moldavie, Ukraine, Biélorussie, et les trois Etats du Caucase – Géorgie, Azerbaïdjan et Arménie. Faute d’élargissement à proprement parler, il leur était proposé de tout partager, sauf les institutions : accords de libre-échange approfondis avec harmonisation législative, libéralisation des visas pour accéder à l’espace Schengen, coopérations sectorielles, incitations financières.
« Naïveté ». « L’objectif était d’accroître la coopération régionale pour exporter dans la zone une forme de stabilité européenne », explique Florent Parmentier. Entériné dans la foulée de la guerre russo-géorgienne de 2008, le partenariat oriental était aussi un compromis dans l’attitude à tenir face à la Russie, qui clivait les Européens : continuer à parler avec elle, et se rapprocher des pays du voisinage avec de nouvelles modalités. Or le bilan, au bout de quinze ans, est très contrasté. La Biélorussie a été « absorbée politiquement par la Russie », rappelle Florent Parmentier
(…) « Non seulement le partenariat oriental n’a pas permis l’arrimage dans la paix espéré en 2009, mais il a été une source de pression et de conflits constants dans les relations entre l’Europe et la Russie, insiste Florent Parmentier. La déstabilisation de ce voisinage a eu des conséquences pour l’Union, obligée de se positionner dans les différentes crises. »

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