Tectonique des plaques : l’OTAN victime des nouvelles alliances au Moyen-Orient ? (PARMENTIER pour Atlantico)

Florent Parmentier est interrogé par Atlantico sur le rapprochement turco-iranien, à même de marginaliser l’OTAN au Moyen-Orient.

Atlantico : Iran et la Turquie se seraient accordés pour mettre en place une coopération militaire, ceci faisant suite à une rencontre entre le chef militaire iranien, le général Mohammad Baqeri et le Président Erdogan, ce mercredi 16 août. Une première depuis 1979 et la révolution islamique. Une visite qui intervient quelques jours avant la visite du secrétaire à la défense des Etats Unis, Jim Mattis, à Ankara, dans le cadre de relations tendues entre les deux pays. En quoi cette étape supplémentaire dans la relation entre Ankara et Téhéran, permise par Moscou, peut ​ représenter une faille au sein même de l’OTAN ? Qu’est ce qu’une telle faille peut signifier pour les membres de l’OTAN ?

A défaut de marquer une volonté de départ de l’OTAN de la Turquie, cette rencontre au sommet démontre une volonté croissante d’autonomie stratégique de la part d’Ankara. La relation turco-iranienne a longtemps été frappé du sceau de l’incompréhension et de la méfiance mutuelle : entre la Perse chiite et la Sublime Porte – l’autre nom de l’Empire ottoman, puis entre la Turquie kémaliste et la théocratie iranienne plus récemment. Pourtant, la frontière turco-iranienne, qui s’étend sur près d’un demi-millier de kilomètres, est le plus stable que connaisse la Turquie : elle a été fixée en 1639 par la paix de Zuhab et n’a pas été contestée depuis. Toutefois, ce à quoi nous venons d’assister n’est rien d’autre que la réunion au plus niveau entre les deux pays depuis 1979, date de la révolution iranienne !

A côté de cette volonté d’affirmation au niveau international, qui n’a été que renforcée par le coup d’Etat de juillet 2016, s’accompagne également de considération plus défensives et internes. Les dirigeants turcs ont pour obsession de garantir leur cadre territorial, qu’ils estiment menacé par la question kurde, ce peuple partagé entre plusieurs pays (le Kurdistan s’étend principalement sur la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie, en dehors de la diaspora plus récente établie en Europe occidentale, aux Etats-Unis et en Australie). La politique étrangère turque doit également être lue sous ce prisme.

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Dès lors, compte-tenu de l’établissement d’un mur à la frontière entre la Turquie et l’Iran pour sécuriser la frontière, c’est-à-dire éviter les infiltrations des militants du PKK (parti des travailleurs du Kurdistan) ainsi que des flux de contrebande, une consultation accrue avec les Iraniens devenait nécessaire. C’est précisément à cet enjeu que répondait cette rencontre. Si l’OTAN pouvait apporter une meilleure réponse sur le Kurdistan, Ankara reviendrait en meilleurs termes avec les Etats-Unis, malgré les déceptions réciproques qui existent entre les deux Etats.

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