Que retenir des élections présidentielles ukrainiennes ? Retour sur 7 leçons du scrutin…
- Le vainqueur l’a non seulement emporté largement (73% des voix au second tour !), mais également dans toutes les régions ukrainiennes sauf une, à l’ouest. Le clivage entre l’Est / Sud d’un côté et Ouest / Centre de l’autre n’a pas pris cette fois-ci.
- Le candidat / Président Porochenko a tout misé sur son rôle de meilleur rempart à l’influence russe. Sous toutes ses formes – militaires, économiques, politiques, sociales, culturelles… Suffisant pour aller au second tour, mais c’est une déroute historique au second tour.
- Dans l’esprit du public, on est passé de la question « qui nous a mis là » à « comment on s’en tire ». Ce qui ne veut pas dire que Zelenski sera un partenaire facile pour la Russie. Ce n’est pas leur candidat, la diplomatie russe est restée discrète pendant la campagne. Il y a un divorce entre les élites dirigeantes, politiques et culturelles de Kiev, et le reste du pays.
- L’alternance démocratique est possible en Ukraine et il faut s’en réjouir : le rejet du pouvoir en place était tel que ni les ressources administratives, ni les ressources économiques dont disposait Petro Porochenko ne lui ont permis d’éviter la déroute.
- Il faut noter la tolérance de la société ukrainienne, à un moment où elle est en crise partout en Europe : un russophone de famille juive peut l’emporter partout sur le territoire ! Cela permet de relativiser les dénonciations sur le rôle de l’extrême-droite en Ukraine, qui sort très affaiblie du scrutin.
- Ce sont les élites post-communistes qui sont rejetées ce soir, leur dureté, cynisme et âpreté au gain. Celles qui s’étaient enrichies au-delà de ses mérites en période de crise, et qui ont pu maîtriser la manière dont s’écrivaient les règles. L’Ukraine vient de progresser sur les chemins de l’Etat de droit, la pression populaire reste forte.
- Enfin, la victoire éclatante aujourd’hui n’exclue pas un Maidan 3 si la société se divise de nouveau. Se débarrasser des structures oligarchiques est une lourde tâche, alors que la dette souveraine ukrainienne pèsera lourd les prochaines années. Et les prochains mois seront difficiles, selon que le Parlement souhaiter entrer en coopération ou en conflit avec le nouveau Président.