Retour sur la finale de l’Eurovision pour L’Obs, par Véronique Groussard avec Florent Parmentier.
Disons-le tout net, ce n’est pas sa puissance vocale qui a propulsé Bilal Hassani en finale de l’Eurovision, ce 18 mai à Tel-Aviv. Mais bien plus ses perruques colorées, ses mimiques de diva, le nombre de ses followers. Ce fan de « Harry Potter », que sa « maman » – « ma ceinture de sécurité dans ce tourbillon » – ne quitte pas d’une semelle, ce gamin de 19 ans, le premier dans l’histoire du concours né sur YouTube, électrise les ados en prônant l’acceptation de soi dans sa chanson « Roi ». Et en opposant une indéfectible bonne humeur au cyberharcèlement homophobe et raciste qui le cible. « Il se sent moins représentant de la France que de la jeunesse internationale qui veut choisir qui elle est », observe Steven Clerima, chef de notre délégation. « La France joue la carte du candidat sociétal, constate le chercheur en sciences politiques Florent Parmentier. Elle commence à comprendre l’état d’esprit de l’Eurovision. » Car qui sait écouter, regarder, décrypter les votes, bref, aller au-delà du kitsch, percevra à quel point cet événement est poreux, traversé par les sujets qui divisent la quarantaine de pays participants : les mœurs, le genre, les minorités, les migrants (« Mercy », le titre de Madame Monsieur, l’an dernier) et, surtout, la géopolitique… L’événement, rehaussé cette année par la présence de Madonna, jouit – sport excepté – d’une exposition sans pareille : 200 millions de spectateurs.
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