1989 vue de Moscou, déclin et renaissance (Bret sur Diploweb)

1030102830.jpgDiploweb commémore l’année 1989 à l’occasion du trentenaire de la chute du Mur de Berlin. Cette année clé n’a pas la même signification partout en Europe. Vue de Moscou, elle consacre le déclin de l’URSS mais prépare également la renaissance de la Fédération.

Vue de Moscou, l’année 1989 est bien différente de celle qui est célébrée à Berlin et Paris. Envisagée depuis la capitale de l’URSS et de la Russie, 1989 est une des étapes qui conduisent l’Etat soviétique du faîte de sa puissance à sa dissolution, en l’espace d’une décennie. De 1979, année de l’intervention soviétique en Afghanistan, à 1991, date de la dissolution de l’Union, en passant par 1985, date de l’accession de Mikhaïl Gorbatchev  (cf. photo) au poste de Secrétaire Général du PCUS, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques passe du statut de puissance mondiale à celui de vaincu géostratégique et de naufragé économique. Toutefois, vue de Moscou, l’année 1989 amorce aussi un nouveau départ : c’est l’année des premières élections libres depuis la révolution de 1917. Entre fin de la Guerre Froide et gestation de la Nouvelle Russie, 1989 prend sa place, dans la mémoire collective, comme un point bas de l’influence européenne du pays.

C’est dans le temps long qu’il faut ressaisir la place de cette année dans le passé de la Russie – et dans son futur immédiat. Sur le plan régional, 1989 marque la fin – et l’échec – de la stratégie européenne que l’URSS a déployé depuis la Deuxième Guerre Mondiale : 1989 est la réplique inversée de la victoire de 1945 (1). Sur le plan intérieur, c’est le point à partir duquel les réformes de Mikhaïl Gorbatchev marquent le pas et annoncent la fin du régime communiste : 1989 prépare 1991 (2). Enfin, pour les représentations collectives, c’est l’année qui inaugure l’affaiblissement des années 1990 et prépare la renaissance de la puissance russe : 1989 annonce 1999, date de l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine. Si 1989 est un moment-clé dans l’histoire de l’Europe, c’est également une date d’importance pour la Russie.

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De 1945 à 1989 : la fin de l’hégémonie soviétique en Europe orientale

1989 est un événement européen avant d’être un événement russe. C’est à Berlin, Bucarest, Budapest, Vienne ou encore Vilnius que se déroulent les principaux événements de l’année Pour la Russie, c’est le moment où l’Europe centrale et orientale sort de son alliance militaire, politique économique et culturelle.

La désoviétisation rapide de l’Europe de l’Est

Plusieurs événements de 1989 consacrent la fin de la puissance mondiale pour l’URSS. En Asie centrale d’abord : le 15 février, les autorités soviétiques annoncent le retrait définitif de leur troupes d’Afghanistan (photo) : c’est la fin d’une opération militaire d’une décennie et l’aveu d’un échec. En effet, une superpuissance militaire et nucléaire a échoué à soutenir un régime communiste dans ce pays limitrophe de l’URSS.

1007850-Retrait_des_troupes_soviétiques_dAfghanistan.jpg Cet aveu d’impuissance géopolitique entraîne une série d’événements qui conduisent au délitement, en une année, de l’hégémonie soviétique sur ce qu’on appelait le Bloc de l’Est. La chute du Mur de Berlin, le 9 novembre, est le point d’orgue de ce vaste reflux. Dès le printemps, le 2 mai, la Hongrie communiste ouvre ses frontières vers l’Autriche, avant-poste de l’Ouest, réhabilite Imre Nagy, figure de la résistance à l’URSS en 1956 et met fin au régime communiste le 23 octobre en proclamant la République. En août, la Pologne n’a plus de Premier ministre communiste : Tadusz Mazowiecki, membre de Solidarnoc, accède à la primature. Et l’effet « boule de neige » est impressionant : les citoyens de la République Démocratique d’Allemagne fuient le régime communiste par la Hongrie et l’Autriche. Dans ce contexte de désoviétisation rapide, Mikhaïl Gorbatchev, venu à Berlin Est célébrer les 40 ans de la RDA annonce qu’aucune intervention armée ne jugulera le mouvement de sortie du communisme. C’est ce qui précipitera la chute du Mur de Berlin, la fin de la RDA et, ultérieurement, la réunification allemande. La Guerre Froide est explicitement close par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev le 2 décembre au sommet de Malte. Quant à la Révolution roumaine, elle conclut, du 16 au 25 décembre, l’année 1989 en démantelant un régime communiste allié de l’URSS sur le versant sud-Est de l’Europe. Son déroulement est symptomatique de l’emballement historique de 1989 : face à des mouvements de protestation à Timisoara dans l’ouest du pays, la dictature Ceaucescu tente de résister en organisant, le 21 décembre un meeting de soutien au régime. Celui-ci se retourne contre ses organisateurs, contraignant le dictateur à fuir, à être poursuivi puis exécuté, avec son épouse, Elena Petrescu, le 25 décembre.

Pour l’URSS, 1989 est une année de renversement : lorsque l’année commence, le Bloc de l’Est est contesté mais reste en place. Il est démantelé, politiquement, quelques mois plus tard.

L’échec de la stratégie stalinienne du glacis occidental

Pour Moscou, les événements de 1989 mettent fin à la stratégie européenne conçue et mise en place par Staline dans le sillage de la Deuxième Guerre Mondiale. Son but était en effet d’établir un bastion communiste avancé en Europe centrale et orientale. Forte de la présence de ses troupes sur le sol de ces Etats, l’URSS avait organisé l’établissement de démocraties populaires autrement dit de régimes communistes en Pologne (1944-1947), Roumanie (1947) Tchécoslovaquie (Coup de Prague en février 1948), Hongrie (1949), etc. La « libération » de ces pays par les troupes soviétiques contre l’Allemagne nazie avait permis à l’URSS d’exercer une véritable tutelle sur ces Etats réduits au rôle de satellites.

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Sur le plan économique, l’URSS avait imposé la création du Comecon ou Conseil d’assistance économique mutuelle (CAEM) pour faire pièce au Plan Marshall de 1947. Cette organisation internationale établissait une division du travail et une répartition des rôles entre les différents Etats communistes de la région. Sa mission était avant tout de diffuser les instruments de l’économie planifiée soviétique, d’organiser les échanges commerciaux entre ces Etats et l’URSS. En raison du rôle pivot de la monnaie soviétique, le rouble, et de la dépendance technologique à l’égard de l’URSS, le Comecon permettait à l’URSS de se donner le rôle de leader économique en Europe de l’Est. Si le CAEM ne disparaît formellement qu’en 1991, 1989 marque sa véritable fin en raison de la disparition des régimes communistes dans les principales économies de la région.

Sur le plan militaire, le Pacte de Varsovie était l’instrument de l’hégémonie soviétique en Europe centrale et orientale. Fondé sur un traité multilatéral d’amitié et d’assistance entre les alliés de l’URSS, le Pacte réunissait sous la houlette de l’Armée Rouge les différentes forces armées des démocraties populaires. En 1989, il est encore en vigueur et vient d’être reconduit pour vingt ans en 1985. Si le Pacte est dissout officiellement le 1er juillet 1991, il disparut dans les faits en 1989. En effet, ces transformations politiques marquaient la fin de la doctrine dite de la « souveraineté limitée » dont la paternité était attribuée à Brejnev (photo). L’évolution d’un régime communiste vers un régime libéral étant considéré à Moscou comme une question d’intérêt commun pour tous les régimes communistes, les tentatives de démocratisation de la Hongrie (1956) et de la Tchécoslovaquie (1968) avaient pu être jugulées, dans le sang, par l’Armée Rouge et ses alliés locaux.

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En somme, en 1989 la désoviétisation rapide de l’Europe centrale et orientale marque la fin d’un projet géopolitique d’établissement d’un Bloc et d’une zone tampon entre la Russie et le reste de l’Europe.

De 1985 à 1991 en passant par 1989 : des tentatives de réformes intérieures à la dissolution de l’URSS

Pour la politique intérieure russe et soviétique, 1989 prend place dans une séquence plus large qui commence avec l’accession de Mikhaïl Gorbatchev au pouvoir le 11 mars 1985 et se clôt le 26 décembre 1991 avec la dissolution officielle, par ce dernier, de l’URSS. 1989 répond ici à la Révolution de 1917.

Le régime communiste peut-il se réformer ?

Conscient des faiblesses économiques de l’URSS et de son incapacité financière à supporter le coût de la course aux armements avec les Etats-Unis, Mikhaïl Gorbatchev, accède au poste de Secrétaire Général du Parti Communiste en 1985 et lance une vague de réformes internes dans le but de consolider le régime communiste. Sur la scène internationale, priorité est donnée au désarmement symétrique avec les Etats-Unis afin d’alléger la pression budgétaire que les programmes d’armements faisaient peser sur les finances publiques soviétiques. Mais, sur le plan intérieur, 1986 marque le début des programmes de libéralisation politique et économique. Le programme de Transparence (Glasnot) aboutit à des mesures à haute teneur symbolique : levée des interdits sur de nombreuses productions culturelles dont Le Docteur Jivago de Boris Pasternak ; fin de l’exil intérieur à Gorki du physicien dissident Andreï Sakharov ; communication sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.

Dans le domaine strictement politique, le parti communiste est profondément renouvelé pour faire entrer des réformateurs dans les sphères dirigeantes. En matière économique, la « restructuration » ou « reconstruction » (Perestroïka) engage une nouvelle NEP : les prix sont partiellement libéralisés, des entreprises privées sont autorisées et tout un secteur informel émerge. Ce mouvement s’accélère en 1989 : pour élire deux tiers députés au Congrès des Députés des Peuples d’Union soviétique, les citoyens de l’URSS ont le choix entre plusieurs listes et voient le secret du vote garanti.

La première période des réformes gorbatchéviennes a une tonalité euphorique, surtout à l’étranger : la Gorbymania gagne en effet les Etats-Unis et l’Europe en 1987. Toutefois, la popularité interne du dirigeant soviétique est bien moindre, en raison des limites que rencontrent ses réformes.

Les limites des réformes et la fin de l’empire soviétique

Toutefois, à partir de 1989, les limites des réformes engagées commencent à apparaître. Sur le plan économique, les inégalités se creusent et l’inflation s’accentue, remettant en cause le pacte social soviétique. Sur le plan politique strict, les mouvements de scission et de sécession se multiplient. Si Mikhaïl Gorbatchev réussit à se faire élire en 1990 Président de l’URSS, néanmoins, au Parlement, ses partisans sont débordés par les nationalistes et les libéraux, partisans d’une thérapie de choc. Ainsi, dès 1990, la République Socialiste Fédérative Soviétique de Russie porte à sa tête Boris Eltsine, dont l’autorité entre en compétition avec celle du dirigeant soviétique. La tension entre les réformateurs libéraux emmenés par Eltsine et les conservateurs soviétiques soutenus par l’armée s’exacerbe et culmine dans la tentative de putsch militaire le 20 août. Soutenu par le président américain, le président russe Eltsine s’impose, éclipsant le réformateur communiste et suspendant le parti communiste en novembre. Sur l’échiquier politique russe, le mouvement de décommunisation engagé timidement en 1989 aboutit, quelques mois plus tard, à la fin de l’URSS.

Dans les Républiques fédérées, 1989 manifeste les forces centrifuges réveillées par la Glasnot. les aspirations à l’indépendance se manifestent sous une forme qui marquent l’Europe. Dans les Etats baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), des manifestations commencées en 1987 lancent le processus de décommunisation et d’indépendance nationale. Ces mouvements pacifistes culminent le 23 août 1989 en formant une vaste chaine humaine, la Voie Balte, qui réunit les trois capitales (Tallin, Riga, Vilnius) sur plus de 500 kilomètres. C’est l’acte fondateur d’un processus d’indépendance pour la Lituanie (11 mars 1990), l’Estonie (30 mars 1990) et la Lettonie (4 mai 1990). Durant la période qui va de 1989 à 1991, dans cette partie de l’URSS, les affrontements armés sont évités de justesse mais les tensions économiques et politiques sont maximales, tout particulièrement en Lituanie où le blocus économique soviétique est rigoureux.

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Le mouvement de sécession des Etats baltes lance une spirale centrifuge dans le Caucase où l’Arménie devient indépendante (23 août 1990), comme la Géorgie (9 avril 1991) et l’Azerbaïdjan (18 octobre 1991). Même l’Ukraine et les Républiques d’Asie centrale quittent l’Union entre 1990 et 1991. La fin de l’URSS, entamée par les mouvements baltes en 1989, est consacrée par la démission de Mikhaïl Gorbatchev le 25 décembre 1991 de ses fonctions de président de l’Union. C’est la Communauté des Etats Indépendants qui remplace l’Union par une confédération aux liens institutionnels assez lâches. La République puis la Fédération de Russie perdent ainsi la place centrale qu’elle occupait dans le dispositif institutionnel de l’URSS.

En somme, vue de Moscou, sur le plan de la politique intérieure, 1989 est l’année pivot d’une révolution tout à la fois politique, territoriale et économique. Loin de sauver le régime communiste en l’adaptant, la Glanost et l’introduction d’une dose de démocratie dans les institutions soviétique ont précipité la chute du PCUS. De même, la renonciation à la violence armée contre les mouvements centrifuges en 1989 ont accéléré le processus de décomposition.

De 1989 à 1999 : du déclin au revanchisme

Si on considère le futur immédiat de la Russie, 1989 ouvre une décennie douloureuse qui se clôt en 1999 par l’accession de Vladimir Poutine au poste de Président par intérim, élu l’année d’après.

Sur le plan économique, l’échec des réformes de la période 1987-1989 entraîne une ère de libéralisation brutale appelée « thérapie de choc » où l’inflation atteint 1000% par an, où le chômage explose et où de nombreuses industries d’Etat disparaissent. Les inégalités explosent et l’Etat Providence est démantelé privant d’accès aux soins, à l’éducation, aux pensions de retraite ou à l’énergie une large partie de la population russe. En revanche, des fortunes privées considérables sont constituées en quelques mois par les oligarques qui rachètent à vil prix des fleurons de l’économie dirigée dans la métallurgie, les hydrocarbures ou encore les armements. L’effondrement économique et le pillage des ressources culminent en 1998 au moment où la Russie est frappée par une crise économique violente.

Dans le domaine de la politique intérieure, la contraction du PIB et l’effondrement des finances publiques russes mettent à mal les forces armées : les bases militaires sont fermées par dizaine et les commandes industrielles cessent. Conjugué à la vague d’indépendances nationales, l’affaiblissement des forces armées ouvrent la voie à des mouvements séparatistes au sein même de la Fédération de Russie. Ainsi, la Première Guerre de Tchétchénie, de 1993 à 1996 voit la Nouvelle Russie réprimer dans un bain de sang des mouvements indépendantistes souvent soutenus par des réseaux islamistes. Ce qui se joue alors, c’est, pour la Russie, la capacité à enrayer sa déliquescence territoriale. La Russie des années 1990, née des chocs de 1998, frôle alors la disparition politique.

Sur le plan de la géopolitique régionale, 1989 prépare la perte de l’étranger proche. L’extension de l’OTAN aux portes de la Fédération de Russie n’est possible que parce que le réseau d’alliance soviétique est ruiné en 1989. En effet, pour la toute jeune Fédération de Russie née en 1991, la décennie 1989-1999 est celle du recul. 1999 marque un renversement militaire majeur sur le continent : la Pologne, la Tchéquie et la Hongrie rejoignent l’Alliance atlantique, suivies en 2004 par de nombreux autres Etats anciennement parties au Pacte de Varsovie. Vu de Moscou, ce mouvement constitue un revers stratégique de portée historique. En effet, l’Ouest se porte aux frontières même de l’espace russe. C’est dans cette décennie et dans les Révolutions de couleur en Géorgie (révolution des roses en 2003) en Ukraine (révolution orange den 2004), en Kirghizie (révolution des tulipes en 2005) que la Russie puise sa méfiance envers ses interlocuteurs.

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Mais 1989 se clôt véritablement en 1999, date à laquelle Vladimir Poutine met en place progressivement tout à la fois son régime et les éléments d’une renaissance pour la Russie. La grande décennie 1989-1999 est la période matricielle pour comprendre la Russie d’aujourd’hui. Pour faire pièce aux oligarques, il se les subordonne comme clients ou les fait condamner, comme dans l’affaire Khordokovski. Pour remédier à l’expansion de l’OTAN, il lutte pied à pied contre l’adhésion de l’Ukraineet de la Géorgie comme contre le déploiement des batteries anti-missile sur le sol européen. Enfin et surtout, pour pallier à la faiblesse militaire russe, il lance en 2009 un vaste plan de modernisation, de croissance et de réforme des forces armées. La force politique et géopolitique de la Russie de 2019 tire directement ses racines du long traumatisme de la décennie 1989-1999. En bref, Vladimir Poutine se pose comme celui qui remédier aux funestes années 1989-1991.

1989, année pivot pour la Russie

Pour l’Europe, 1989 est une année hautement symbolique et positive. Cette date est synonyme de libération à Budapest, Varsovie ou Bucarest. A Paris et Berlin, 1989 amorce la réunion de l’Europe autour du projet porté par la Communauté puis l’Union européenne. Après les conflits du début du siècle et la division de la Guerre Froide, 1989 annonce une période de convergence et de paix.

A Moscou, 1989 a un statut ambigu. L’année a une charge négative évidente : à l’extérieur, elle marque l’échec de la stratégie soviétique de glacis défensif en Europe ; à l’intérieur, elle précipite la fin du régime communiste et prépare le chaos politique et économique de la décennie 1990. C’est pour cette raison que 1989, associée à 1991, est, dans le discours du président Poutine, une annus horibilis pour la Russie. Toutefois, 1989 ouvre une décennie déterminante pour la Russie contemporaine. C’est à partir de 1989 que la Russie poutinienne commence à prendre racine : la création d’une oligarchie mafieuse, les échecs face aux Etats-Unis, etc. tous ces facteurs concourent à l’avènement d’un régime centralisé, fort et assis sur une puissance militaire. La Russie d’aujourd’hui puise ses racines aussi dans 1989.

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