La Moldavie à la croisée des mondes : l’avis de Raphaël Biais pour Eurasia Prospective

Présenté au Conseil de l’Europe début octobre à l’occasion des 70 ans de l’organisation, La Moldavie à la Croisée des Mondes de Josette Durrieu et Florent Parmentier met à l’honneur un « petit pays » en démontrant la richesse de son histoire et son importance géopolitique.

Josette Durrieu est ancienne sénatrice et fut membre de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe pendant près de 25 ans. En tant que rapporteure, elle a joué un rôle important dans l’intégration de la Moldavie au Conseil de l’Europe en 1995 et y a effectué de nombreuses missions. Florent Parmentier est docteur en sciences politiques, enseignant à Sciences Po Paris et chercheur-associé à HEC. Il est l’auteur de La Moldavie, à la croisée des chemins (2003) et La Moldavie. Les atouts de la francophonie (2010). L’ouvrage comprend une préface de Jean-Pierre Raffarin ainsi que des postfaces de Jean-Pierre Chevènement et Catherine Lalumière.

Le livre met en évidence l’importance géopolitique de la Moldavie dans les rapports est-ouest. Territoire à la croisée des mondes, la Moldavie est un baromètre des tensions entre deux centres de gravité : la Russie d’une part et l’Europe occidentale de l’autre. La Moldavie se trouve en outre au plein centre du triangle Rome-Constantinople-Moscou, ce qui explique qu’elle fut longtemps une aire d’échanges culturels. Dans la première partie de l’ouvrage, intitulée Essai sur la Moldavie, Florent Parmentier offre une présentation générale du contexte historique, géopolitique et culturel de la Moldavie. On découvre ce que fut la Bessarabie ainsi que la genèse des conflictualités contemporaines en Moldavie.

Aujourd’hui, elle est le théâtre d’un conflit séparatiste en Transnistrie, région séparatiste de l’est moldave bordant la frontière ukrainienne. Comme l’explique Josette Durrieu dans la seconde partie de l’ouvrage, intitulée Une sénatrice en Moldavie, il s’agit d’un conflit de faible intensité qui s’enlise, marqué par le soutien de la Russie au régime séparatiste. C’est dans ce contexte qu’elle est nommée rapporteur pour avis sur l’entrée de la Moldavie à l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, en 1992. Dans le cadre de son mandat, elle rencontrera les figures clés du jeu politique moldave, du président Petru Luchinschi au Général Lebed, chef de la 14ème armée russe, mais également Ilie Ilascu, prisonnier politique qui donnera son nom à un arrêt célèbre de la Cour européenne des droits de l’Homme. Son récit autobiographique offre le témoignage d’une actrice de premier plan de la diplomatie des droits de l’Homme.

A la croisée des mondes, la Moldavie parvient-elle à forger son propre destin et à affirmer sa singularité ? Ou bien sera-t-elle condamnée à demeurer ce pays dont il faut partir, pris entre deux feux ? L’ouvrage apporte quelques éléments de réponse.