Malte: affaire Caruana et valeurs européennes (PARMENTIER pour Atlantico).

L’affaire du meurtre de la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia secoue le pays depuis plus d’un an. Mais c’est seulement mardi que l’Union Europe s’est réellement exprimée à ce sujet demandant à ce que l’enquête soit menée à son terme « sans aucune ingé rence politique ». Pourquoi l’UE a-t-elle tant attendue pour intervenir quand elle est, par exemple, intervenue bien plus rapidement, dans une affaire similaire, qu’était l’assassinat d’un journaliste slovaque et de sa compagne?

Florent Parmentier : L’affaire Daphne Caruana Galizia est très sérieuse, et mérite de s’y intéresser. Pour rappel, cette journaliste enquêtait sur la corruption au plus haut niveau à Malte (les ramifications maltaises des Panama Papers), à tel point qu’elle a commencé à inquiétant en haut lieu, en publiant des informations via son blog « Running commentaries ». Elle a péri dans un attentat à la voiture piégée le 16 octobre 2017, après avoir reçu diverses menaces. Aujourd’hui, deux Ministres sont mis en cause, ainsi que le chef de cabinet du Premier Ministre Muscat, Keith Schembri. Ce dernier a de fait annoncé, en raison du scandale, sa démission pour janvier prochain. Le scandale est là, mais mieux vaut réagir tard que jamais.

L’Europe condamne régulièrement l’abus des droits de l’Homme en Russie, par exemple, et sur le territoire européen elle n’hésite pas à s’ingérer dans les affaires hongroises, polonaises ou encore italiennes. Pourquoi ce deux poids de mesure ? Pourquoi le cas maltais est-il différent ?

Florent Parmentier : En effet, la Russie a connu également son lot de journalistes inquiétés en raison du travail d’investigation qu’ils ont pu mener. Ils ont même payé un lourd tribut, dans les années 1990 notamment, en raison de la guerre en Tchétchénie. Les années 2010 y ont été relativement moins meurtrières pour la profession. En Hongrie ou en Pologne, c’est l’indépendance des médias publics qui commencent à inquiéter les Européens, sur un affaiblissement de l’Etat de droit. En Europe Centrale, il ne faut pas oublier le cas de Jan Kuciak, tué par balles en 2018 en raison des révélations qu’il s’apprêtait à faire en raison des liens entre la mafia italienne et les politiques slovaques.

Contrairement à la Russie, dont la taille et l’évolution suscitent des inquiétudes parmi les Européens, contrairement aux pays centre-européens, scrutés avec attention, Malte passe relativement inaperçu. Il s’agit du plus petit et du moins peuplé des Etats européens, avec ses 316 km² pour 450 000 habitants. L’Etat est plus connu pour être sur la route des voies migratoires dans la Méditerranée que pour son manque de respect des droits de l’Homme. Cette ancienne colonie britannique (1800-1964) a chuté de trente places au sein du classement de la liberté de la presse 2019 de Reporters sans frontières en deux ans, pour finir à une peu glorieuse 77place sur 180 pays. C’est sans doute ce qui explique une prise de conscience tardive des Européens.

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