Florent GEORGESCO, du journal Le Monde, m’a interrogé, le 22 octobre 2020, sur les thèses principales de mon nouvel essai Dix attentats qui ont changé le monde. Comprendre le terrorisme au XXIe siècle, paru aux éditions Armand Colin le 11 septembre 2020.

Florent GEORGESCO: vous écrivez que la conséquence principale du 11-Septembre a été « l’installation du terrorisme comme acteur politique partout dans le monde». De quelle manière ?
Au sens moderne, le terrorisme est né au XIXe siècle, avec l’émergence des médias de masse. Il a besoin, pour parvenir à ses fins, d’adresser des messages de domination par l’épouvante, qui ne parviennent à produire leur effet politique – le sentiment d’une vulnérabilité généralisée – que si ses actions sont connues du plus grand nombre. Peut-on imaginer un attentat secret ? Ça n’a aucun sens. Il faut une propagation de l’effet de terreur, qu’à l’époque les journaux, qui venaient de s’équiper de rotatives, commençaient à rendre possible.
Le 11-Septembre, de même, est précédé par le développement de chaînes d’information en continu internationales, qui vont permettre une médiatisation immédiate et universelle de l’attaque du World Trade Center. D’autre part, il représente, par le nombre de victimes, un saut quantitatif. Au XXe siècle, il suffisait d’un nombre limité de morts pour qu’un effet de terreur se propage. Là, le massacre est inséré dans le processus. Cela enclenche une forme de rivalité entre les différents courants terroristes.
Florent GEORGESCO: dans Qu’est-ce que le terrorisme ? (Vrin, 2018), vous tentez une définition, fondée sur cette logique de propagation maximale de l’effet de terreur…
J’avais écrit ce livre pour essayer de répondre au relativisme que j’observe autour de ces questions : le terroriste de l’un serait le résistant de l’autre. On le voit encore autour de l’horrible assassinat de Samuel Paty, quand certains se demandent s’il y a une valeur absolue de la liberté de conscience et d’expression, si ce n’est pas un phénomène occidental. C’est, pour moi, presque insoutenable. Cela revient à présenter la violence terroriste comme efficace si ce n’est comme acceptable.
Retrouvez la suite de l’entretien sur le site du Le Monde.
