J’ai eu l’honneur de contribuer au n°59 des Grands Dossiers de Diplomatie Magazine sur la Géopolitique de la France. En 2020, la France a continué à être confrontée aux défis terroristes, sur son territoire comme à l’étranger.
Cinq années après la vague d’attentats de 2015, la France est de nouveau frappée par une vague d’attentats islamistes. Explicitement dirigés contre la publication de caricatures de Mahomet par la presse et contre leur utilisation dans le cadre de l’école publique, ils ont, à l’intérieur, réactivé le sentiment de vulnérabilité généralisée mais aussi, à l’extérieur, fait de la France la cible de menaces et d’attaques dans le monde arabo-musulman. Le terrorisme en France est-il la contrepartie tragique de la géopolitique du pays ?
Il y a peu, la France commémorait les victimes de la vague d’attentats qui l’avait ensanglantée en 2015 : le 7 janvier, le massacre la rédaction de Charlie Hebdo, le 9 janvier, la prise d’otages du supermarché Hypercacher, puis le 13 novembre, l’assassinat de 130 personnes aux abords du Stade de France, dans le quartier de la République et dans la salle de spectacle du Bataclan. Malgré les opérations militaires menées au Moyen-Orient et en Afrique, une nouvelle série d’attentats islamistes ont frappé la France sur son sol et à l’étranger.
En effet, le 25 septembre dernier, quelques jours après l’ouverture du procès des auteurs de l’attentat contre Charlie Hebdo un jeune Pakistanais blesse grèvement deux personnes rue Nicolas-Appert à Paris, aux abords de l’ancien siège du journal. Puis, le 16 octobre, c’est le professeur d’histoire-géographie Samuel Paty qui est brutalement assassiné par un jeune réfugié d’origine tchétchène à Conflans-Sainte-Honorine au motif qu’il avait utilisé les caricatures du journal satirique sur Mahomet pour un enseignement sur la liberté d’expression et la laïcité. Enfin, le 29 octobre 2020, à la cathédrale Notre-Dame de Nice, un Tunisien récemment entré sur le territoire national assassine trois personnes, une nouvelle fois à l’arme blanche. En l’espace de quelques semaines, alors qu’une crise sanitaire, économique et sociale majeure secoue le pays et semble reléguer les questions sécuritaires au second plan, les menaces terroristes ressurgissent sur le devant de la scène politique et réactivent la stupeur et la sidération, le dégoût et la colère envers la violence islamiste.
Si les « effet de terreur » de 2015 réapparaissent immédiatement, la menace a, elle, évolué, en raison des inflexions qu’a connue la position géopolitique de la France et des succès qu’elle a remporté dans la lutte contre les mouvements violents, sur son sol et à l’étranger. Les menaces terroristes sont extrêmement adaptatives et flexibles : elles ont en effet pour but de choquer l’opinion en évitant l’affrontement direct avec les forces de sécurité en déjouant leurs tactiques de protection. Quel est aujourd’hui l’état réel de la menace terroriste endogène et exogène ? C’est ce qu’il faut définir pour ne pas « se tromper de combat » : le terrorisme de 2020 ne peut pas se combattre de la même façon que le terrorisme de 2015 car la géopolitique du terrorisme a connu plusieurs inflexions et, réciproquement parce que la géopolitique de la France a été profondément modifiée depuis 2015.
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