Tensions sur les démocraties – Le monde libre ne cesse de se rétrécir (PARMENTIER – Atlantico)

Freedom House report confirms that the PPO is controlled ...
Atlantico : L’ONG Freedom House a publié son rapport sur l’état de la démocratie dans le monde et souligne une « démocratie assiégée ». Quelles sont les situations les plus emblématiques de cette dégradation qui permettent de dire que la liberté recule ?

Florent Parmentier : L’ONG Freedom House est une institution reconnue qui publie chaque année son rapport sur l’état de la démocratie dans le monde. Cette maison des libertés est née dans le monde angoissant de 1941 où la survie même des systèmes démocratiques était en jeu, en pleine Seconde Guerre mondiale. Elle dépend en grande partie de subside de l’État américain ( entre deux tiers et 85 % de son financement) et dispose de liens avec la CIA. Elle a joué le rôle d’aiguillon et dispose d’une méthodologie reconnue, précise, d’évaluation de la démocratie et de l’Etat de droit. Dans son rapport annuel Nations in transit, elle a par exemple décrit, tout au long des années 1990 et 2000, les progrès de la transition démocratique et de l’ouverture des régimes politiques et des sociétés. . closevolume_off

Or, force est de constater que non seulement le nombre de démocraties recule, mais que la qualité même de ces démocraties a tendance à reculer. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer : la liberté des médias et de moins en moins garantie ; les enjeux de sécurité ont pris une importance considérable dans le débat public, avec pour obligation la garantie de celle-ci au détriment des droits individuels. La démocratie et l’état de droit sont frappés par une double crise de légitimité et d’efficacité : les régimes autoritaires (Russie, Chine) n’hésitent pas à mettre en avant les faiblesses démocratiques, et la moindre capacité qu’avant à distribuer des biens politiques. A l’heure de la montée de la Chine, l’hégémonie idéologique du libéralisme politique semble avoir vécu, y compris dans nos pays démocratiques. Dans une récente étude du CEVIPOF –  le Baromètre de la confiance politique 2021 – l’idée “d’avoir à la tête du pays un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement et des élections” recueille 34% d’approbation en France, mais également 42% en Allemagne, 49% au Royaume-Uni et 46% en Italie. La tentation autoritaire existe même dans des démocraties établies !

Le rapport fait état de 15 années de déclin, et d’un renforcement en 2020. Quel rôle a joué le Covid dans la restriction des libertés ? Doit-on s’attendre à une perte durable ou au contraire à des situations passagères permettant de nuancer l’analyse ?

La Covid, comme toute menace extérieure (risque d’invasion, djihadiste, déstabilisation numérique, etc.), tend à restreindre l’usage des libertés publiques. Nous nous y habituons peu à peu, sans pouvoir réagir. La question des libertés académiques en est un exemple : comment ne pas voir que la remise en cause de la liberté académique est une remise en cause de la liberté en général, ne concernant pas que les universitaires ? Mais, a contrario, peut-on encore parler de liberté, d’échange et de délibération lorsque certains spectacles sont interdits dans les universités et que des personnalités ne peuvent s’exprimer dans des enceintes académiques ? 

En matière de Covid, on a pu observer, au début de la pandémie, une action résolue de la part de Viktor Orban en Hongrie, dans la restriction momentanée des libertés, puis dans son ouverture aux vaccins chinois et russe. Les libertés de circulation ont été suspendues, de commercer, les élections ont été déplacées ; mais est-il bien responsable de contribuer à propager un virus dont la nocivité a été prouvée ? On le voit, la Covid nous met face à de nombreux dilemmes sociaux.

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