Les tensions croissantes entre l’Ukraine et la Russie à la frontière tend également les relations entre Moscou et Ankara, soutien de Kiev et opposé à l’annexion de la Crimée. Alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan a reçu samedi 10 avril son homologue ukrainien Volodymyr Zelensly, la Russie a annoncé lundi 12 avril la suspension des vols vers la Turquie du 15 avril au 1er juin, dans une situation qui pourrait forcer Ankara à se rapprocher de ses alliés occidentaux.
Au-delà des très nombreux touristes russes qui privilégie la Turquie pour leurs vacances, il existe une sorte de confiance entre les présidents russe et turc, malgré les hauts et bas entre Moscou et Ankara. La Turquie ne « pourra pas aller trop loin » dans le soutien à l’Ukraine, selon Florent Parmentier, enseignant à Sciences Po et chercheur associé au Centre de géopolitique de HEC.

« On a vu que, pragmatiquement de part et d’autre, ils ont réussi à trouver bon an, mal an, une forme de modus vivendi. Même quand ils ne sont pas d’accord, sur la Libye, sur le Caucase, même sur la Syrie, on a quelque chose qui est de l’ordre de poser un rapport de forces et ensuite de venir négocier autour de la table. Et de ce point de vue effectivement, il y a un pari d’Erdogan sur le président Zelensky, qui montre qu’il ira jusqu’à un certain point dans le soutien à Zelensky, mais ne pourra vraisemblablement pas aller trop loin. Puisqu’il faut rappeler que la Russie est l’un des grands acteurs du tourisme en Turquie : il y a énormément de Russes qui séjournent en Turquie dans l’été et le fait de suspendre les avions, ça a précisément la fonction de dire « ne comptez pas sur le domaine touristique russe, si vous allez trop loin dans vos relations avec Zelensky ». Il y a probablement d’autres messages qui peuvent être envoyés mais pour l’instant, on se concentre sur une raison, c’est la jonction aérienne entre la Russie et la Turquie. »