Avec la guerre en Ukraine, des enseignants-chercheurs sur le devant de la scène médiatique (PARMENTIER – Le Monde)

Spécialistes de l’Ukraine et de l’Europe de l’Est, des dizaines de chercheurs, parfois très jeunes, vulgarisent dans les médias leurs travaux, souvent menés en toute confidentialité et non enseignés à l’université, faute de postes.

Par Soazig Le Nevé et Violaine Morin

Dès les premiers jours de l’offensive russe, le 24 février, quelque chose a semblé changer dans les médias français. Certes, les experts habitués des plateaux télévisés n’avaient pas disparu : ex-ministres des affaires étrangères et journalistes chevronnés sont venus livrer leurs analyses. Mais des visages méconnus, plus jeunes, plus féminins aussi, sont apparus. Ceux d’enseignants-chercheurs, de chercheurs, parfois encore doctorants, spécialistes des anciens Etats-satellites de l’URSS que sont l’Ukraine, la Biélorussie et la Moldavie.

« Si j’avais dit à mes collègues, il y a quelques mois, que je parlerais de l’Ukraine dans les médias pendant la campagne présidentielle, ils m’auraient dit que j’allais un peu loin », ironise Florent Parmentier, secrétaire général du Cevipof, le laboratoire de recherches de Sciences Po connu pour ses analyses électorales. Le 24 février, sollicité de toutes parts, il a passé sa journée à préparer ses onze interventions dans des médias – télé, radio et presse écrite.

Au premier jour de l’offensive russe, le téléphone d’Adrien Nonjon, doctorant à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), n’a pas cessé de sonner. « Les journalistes voulaient que j’explicite les termes employés par Vladimir Poutine, rapporte le chercheur qui travaille sur les mouvements d’extrême droite en Ukraine. Ça a été une surprise totale d’être propulsé sur le devant de la scène. » Ce chargé de cours à l’Inalco et à Sorbonne-Université a saisi l’occasion pour faire « un travail de pédagogie » car « on est aussi dans une guerre de l’information ».

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