Le legs de Mikhaïl Gorbatchev (PARMENTIER – France Inter)

Après la mort de Gorbatchev, le géopolitologue Florent Parmentier revient sur celui « qui voulait la fin de la guerre froide », et dont nous gardons des perceptions différentes de l’héritage qu’il a laissé.

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L’ancien président de l’Union soviétique, dernier président de l’URSS, Mikhaïl Gorbatchev, est mort à l’âge de 91 ans, ont annoncé mardi soir les agences de presse russes, citant des responsables de l’hôpital où il était pris en charge. Le spécialiste de la Russie Florent Parmentier, secrétaire général du CEVIPOF-Sciences Po et directeur du site Eurasiaprospective.net, parle au micro de France Inter de « l’un des derniers géants du XXème siècle ».

Il « est reparti avec l’URSS avec lui »

Mikhaïl Gorbatchev est une personne, « s’il fallait le résumer, qui n’a pas réussi à pérenniser son propre pays. Il est en tout cas arrivé en tant que dirigeant de l’URSS et il est reparti avec l’URSS avec lui », explique le géopolitologue. Avant d’ajouter : « Il faut reconnaître que c’est un dirigeant qui a réussi à faire effondrer son empire de manière pacifique, bien qu’il n’ait pas voulu la fin de l’URSS » Quand Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir en 1985, il faut le constat que « l’Union soviétique est derrière, n’a pas récupéré les pays occidentaux et pire que ça, est en retrait », précise Florent Parmentier. Il fait alors le pari qu’il faut changer quelque chose.

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Ce pari, il le fait en arrivant au pouvoir avec deux mots : « ‘Glasnost' », la transparence, pour dire que l’information doit à nouveau circuler et ‘Perestroïka’, pour restructuration, disant qu’il faut faire un certain nombre de réformes, se demandant notamment s’il est toujours pertinent d’avoir un régime à parti unique ». Il lance alors de grandes réformes, mais « son drame », c’est qu’il a lancé « de grands changements dont il n’a pas réussi à maîtriser les effets », résume le géopolitologue.

Un homme « qui voulait la fin de la guerre froide »

Et nous gardons des perceptions différentes de l’héritage laissé par le dernier dirigeant de l’URSS. « Nous, nous percevons un homme qui a fait en sorte que l’effondrement de l’URSS ne soit pas un bain de sang, c’est un peu l’image que l’on garde, celle d’un homme qui voulait la fin de la guerre froide », avance-t-il. Mais, poursuit Florent Parmentier, « la perception d’un certain nombre [dont Vladimir Poutine], en Russie, c’est qu’après tout il a été patron d’un pays de 22 millions de kilomètres carrés, et que quand il en sort il y a 15 républiques, avec un pays profondément affaibli ».

Les Russes retiennent donc de lui « une perte de statut international, dont il n’est qu’en parti responsable, et ils retiennent également les réformes lancées qui ont amenées de grands dérèglements économiques, dans les années 80 et 90 », conclue le géopolitologue.

Vous pouvez écouter l’émission ici.