Ukraine : «À travers ces référendums fantoches, la Russie vient de signifier qu’elle ira jusqu’au bout» (PARMENTIER – Le Figaro)

ENTRETIEN – Si les résultats soviétiques d’un scrutin organisé à la hâte sont peu crédibles, Moscou a réussi à montrer qu’elle reprenait la dynamique après la déroute de Kharkiv, explique Florent Parmentier, enseignant à Sciences Po.


Florent Parmentier est secrétaire général du CEVIPOF, le centre de recherches politiques de Sciences Po, et chercheur associé au Centre de géopolitique de HEC. Il est l’auteur des Chemins de l’État de droit ; La voie étroite des pays entre Europe et Russie (Presses de Sciences Po, 2014).


LE FIGARO.- Les référendumsen faveur du rattachement à la Russie ont obtenu des résultats soviétiques dans les régions de Zaporijjia (93,11%), de Kherson (87,05%), de Lougansk (98,42%) et de Donetsk (99,23%). Quelle crédibilité donner à ces chiffres ?
FLORENT PARMENTIER.- Ces résultats ne reflètent pas grand-chose. Bien sûr, une part de la population dans ces régions, particulièrement dans le Donbass, est en colère vis-à-vis des autorités de Kiev pour avoir vu leur territoire bombardé depuis 2014, et ceux-là sont satisfaits de rejoindre la Fédération de Russie. Mais certainement pas dans de telles proportions.
Inutile de revenir sur le déroulement bâclé de ce scrutin dans ce contexte de conflit. En 2014, le référendum pour le rattachement de la Crimée s’était au moins déroulé en présence de plusieurs personnalités internationales, politologues et eurodéputés plutôt favorables à Moscou. Ces observateurs, sous gage de neutralité, avaient pu poser des questions aux électeurs, vérifier la bonne tenue des bureaux de vote, rédiger un rapport. Des rumeurs de fraude avaient circulé, mais rien de sérieux n’avait été confirmé.
Là, aucun observateur international n’était présent. Par ailleurs, il faut se rappeler que beaucoup d’habitants ont quitté leurs terres, notamment les hommes entre 18 et 35 ans refusant d’être enrôlés. Globalement, les plus mobiles ont fui quand les séniors sont restés. Ce phénomène a son importance. Quand on a vécu 40 à 60 ans comme membre de l’Union soviétique et seulement 30 ans comme Ukrainien, la position visà-vis de Moscou est différente.

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