Le président ukrainien s’est rendu à Washington pour une visite d’Etat hors norme.
Cette visite s’imposait car son principal allié militaire, politique et financier sont les Etats-Unis, sans qui l’Ukraine n’aurait jamais pu contenir pendant 300 jours la Russie.
Le fait que l’administration Biden, et surtout la chambre des représentants américaine soit le premier à accueillir physiquement le chef de guerre n’a en réalité rien de surprenant : Même si l’Union européenne aide l’Ukraine, le soutien reste faible par rapport au soutien américain en matériel, en instructeurs, en renseignement et financièrement.
Si le bouclier de l’OTAN a permis de tenir la Russie à distance et d’éviter l’élargissement du conflit, le vrai garant de l’OTAN, c’est l’armée américaine. La venue du président Zelensky à Washington s’imposait donc, pour remercier une chambre divisée entre démocrates et républicains, mais qui a su s’accorder pour soutenir cette démocratie. Cette visite scelle, devant le congrès et l’opinion américaine, la protection américaine de l’Ukraine.
Il a été reçu avec les honneurs, comme un allié et un ami, dans une visite forte en symboles dont le plus marquant restera la remise d’un drapeau signé par les combattants ukrainiens sur la ligne de front à la présidente de la chambre des représentants. La longue standing ovation du Congrès a également permis de mettre en scène les points communs entre ces deux démocraties qui ont en commun d’avoir dû conquérir leur liberté contre la tyrannie, par les armes et le sang de patriotes.
Outre ces symboles, la visite marque un temps important de négociation en cours pour la poursuite d’une guerre qui va s’annoncer très longue et coûteuse, dans un contexte où la tradition isolationniste de la politique américaine est revenue en force et où la politique et les ambitions chinoises sont -à juste titre- considérées comme la plus grande menace. A ce titre, la déclaration principale du Président ukrainien « votre argent n’est pas de la charité. Il s’agit d’un investissement dans la sécurité mondiale et la démocratie » vise juste. Les américains ont raison d’accepter ces dépenses pour une guerre qui semble lointaine, car elle les protège, et promeuvent leur « way of life ».
La suite de la guerre représente également un défi pour la stratégie de communication du Président Zelensky : après 300 jours sans véritable fausse note, il va devoir continuer à tenir l’opinion publique internationale en haleine. Quand la Russie sera forcée d’envisager des négociations sérieuses, il faudra qu’il n’y ait aucun doute sur le fait que derrière lui se tient l’aigle américain.
Guillaume Labbez, président de CommStrat, Enseignant à Sciences Po