Guerre en Ukraine : la Russie accuse l’Ukraine de préparer une «invasion» en Transnistrie (PARMENTIER – Le Figaro)

Eloi Passot interroge Florent Parmentier.

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Pour Florent Parmentier, chercheur associé au Centre de géopolitique d’HEC et auteur de La Moldavie à la croisée des mondes (Éditions Non Lieu, 2019, avec Josette Durrieu), les déclarations du ministère de la Défense russe relèvent de la propagande de guerre. «Alors que la guerre fait rage à la frontière russe, la priorité de l’Ukraine n’est sûrement pas de régler le problème de la Transnistrie», analyse le chercheur qui voit dans ces allégations une tentative du Kremlin de «déstabiliser la Moldavie pour l’empêcher de trop se rapprocher des Occidentaux».

La révocation par Poutine du décret de 2012 comportant un volet sur la Transnistrie selon lequel la Russie s’engageait à respecter l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Moldavie «est plus inquiétante», pour le chercheur. Ce décret développait par ailleurs une vision plus globale de la politique étrangère russe, impliquant un rapprochement de Moscou avec l’Union européenne et les États-Unis. «De cette façon, la Russie est sortie des négociations qui encadraient la Transnistrie depuis trente ans», souligne Florent Parmentier.

La guerre en Ukraine réactive le conflit


Ainsi, si l’hypothèse d’un conflit en Transnistrie à court ou moyen terme semble donc à écarter, l’accroissement des tensions dans la région est, lui, indéniable. «Ces tensions sont quasiment sans précédent, au regard de ces trente dernières années, analyse le chercheur. Depuis les accords de juillet 1992 qui accordent une autonomie à la Transnistrie où Moscou maintient environ 1500 soldats en armes, il n’y a pas eu un seul mort, pas une balle perdue.» Mais la Moldavie est désormais le théâtre d’incidents récurrents, dommages collatéraux du conflit russo-ukrainien qui réactivent les tensions locales. Dès le mois de mars 2022, des frappes visent les autorités séparatistes de Transnistrie et les antennes radios diffusant des programmes russes. Un regain de tension s’est surtout produit ces dernières semaines. Le 10 février, le gouvernement moldave convoque l’ambassadeur russe après qu’un missile de croisière russe, tiré depuis la mer Noire, a survolé l’espace aérien moldave, passant à seulement 35 kilomètres de la frontière roumaine, avant de frapper l’Ukraine.

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