Droits fondamentaux : les bonnes résolutions des eurodéputés (PARMENTIER – France Culture)

Dans l’hémicycle, les eurodéputés jouent le rôle de lanceurs d’alerte : défense des Ouïghours, des Iraniens en lutte, de l’État de droit en Hongrie… Comment le Parlement européen s’est-il peu à peu doté de ce soft power des valeurs qui semble aujourd’hui faire partie de son identité ?

L’émission Cultures Monde peut être écoutée ici.

Avec
Marie-Laure Basilien-Gainche Professeure de droit public à l’université Lyon 3, membre de l’Institut Convergences Migrations
Florent Parmentier Secrétaire général du CEVIPOF/Sciences Po, chercheur associé au Centre de géopolitique de HEC
Kevin Parthenay Professeur de sciences politiques à l’Université de Tours, chercheur associé à l’OPALC/CERI

Souvent décriée pour ses bureaucrates appliqués planchant sur des normes arides, l’Union européenne affiche un tout autre visage dans les travées du Parlement. Dans l’hémicycle, les eurodéputés jouent depuis des décennies le rôle de lanceurs d’alerte : des Ouïghours déportés dans le Xinjiang aux Iraniens en lutte contre le régime en passant par l’État de droit en Hongrie, ils clament leur indignation, portent haut les valeurs européennes et réclament des explications à ceux qui les profanent. Des cris d’alarme nourris par des enquêtes approfondies et des rapports parlementaires qui débouchent le plus souvent sur des résolutions, des textes sans valeur juridique contraignante et à l’écho politique variable selon le degré de dépendance à l’Union européenne de l’État incriminé. Ils ont en tout cas concouru à faire du Parlement européen un expert en droits fondamentaux reconnu, lui donnant par là-même le pouvoir d’appuyer ou de décrédibiliser les États, qu’ils soient membres de l’Union européenne, candidats à l’adhésion ou simples partenaires. Un pouvoir d’influence symbolisé par le prix Sakharov, distinction remise chaque année par le Parlement européen pour rendre hommage à un défenseur des droits humains.

Comment le Parlement européen s’est-il peu à peu doté de ce soft power des valeurs qui semble aujourd’hui faire partie de son identité ? De quels outils juridiques et politiques dispose-t-il pour faire pression sur les entités politiques enfreignant les droits fondamentaux qu’il défend ? Et enfin, comment les rapports de force politiques qui le structurent façonnent-ils les prises de position et définissent-ils les dossiers prioritaires mis à l’agenda par les eurodéputés ?

58 min
Références sonores
Raphaël Glucksmann à la tribune du Parlement en décembre 2020.
En novembre 2022, l’eurodéputé allemand Damian Boeselager (Verts/ALE) demande à la Commission européenne de la fermeté vis-à-vis de Viktor Orban
La présidente maltaise du Parlement européen Roberta Metsola décerne le prix Sakharov 2023 au mouvement iranien Femme, vie, liberté.
En novembre 2022, le député européen écologiste Daniel Freund résumait la position du Parlement au sujet de la Hongrie.
Lara Wolsters, députée européenne néerlandaise (L’Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D) s’exprime au Parlement le 28 février dernier.
Juan Guaidó, opposant de Nicolás Maduro, a été reconnu président par intérim du Venezuela par le Parlement européen en 2019. C’est ce « geste démocratique » qu’il félicite dans la vidéo.

Musique
U2 – City Of Blinding Lights (2004)