Samedi 10 octobre 2015, le journaliste Pierre SAUTREUIL, en alternance à l’AFP et à l’école de journalisme de Sciences Po, a été distingué lors de la 22ème édition du Prix Bayeux Calvados des correspondants de guerre dans la catégorie Jeune reporter (moins de 28 ans) pour trois enquêtes parues dans l’Obs de novembre à février 2015. A cette occasion, il répond à 3 questions de Cyrille BRET.
Cyrille BRET : Quelle signification professionnelle revêt pour vous l’attribution de ce prix ?
Pierre SAUTREUIL : C’est un immense honneur de recevoir un prix aussi prestigieux. Chacun des reportages sélectionnés pour la finale méritait cette récompense, et c’est donc avec beaucoup de joie que j’ai appris la nouvelle. C’est une récompense, mais surtout un encouragement dans la voie que j’ai choisie, le reportage et l’enquête à l’international, en zone de guerre s’il le faut.
Cyrille BRET : Qu’est ce qui change en zone de guerre quand on est journaliste ?
Pierre SAUTREUIL : Le danger tout d’abord, qui limite l’accès aux informations et peut brouiller le jugement. Je pense qu’il faut essayer de garder la tête froide, d’étudier la situation à la façon d’un chercheur, de manière dépassionnée, en s’évertuant à déconstruire les discours de propagande qui saturent l’espace public. La guerre de l’information est une composante essentielle du conflit en Ukraine. De ce fait, le degré de rigueur nécessaire est très élevé : il faut vérifier ses informations en permanence, ne jamais faire totalement confiance à une source, toujours se méfier d’une éventuelle manipulation, et surtout ne pas hésiter à débattre avec ses confrères de la véracité d’une information.
J’ai remercié lors de ma remise de prix les reporters avec lesquels j’ai eu la chance de travailler, des journalistes qui étaient des modèles et qui sont devenus des amis. Je pense que c’est indispensables en zone de guerre. Leur soutien, leur aide et leurs conseils m’ont aidé à tenir le coup dans des situations difficiles. Je suis heureux d’avoir rencontré des personnes de cette qualité et d’avoir noué des liens d’amitié sincères avec eux.
Cyrille BRET : Quels seront vos prochains sujets d’enquête dans la sphère post-soviétique? Dans quelles zones et sur quels thèmes ?
Pierre SAUTREUIL : Pour l’instant je dois achever mes études ! Je serai diplômé en juin 2016. D’ici là, j’entame une alternance à l’AFP. Pour la suite on verra bien. L’intervention russe en Syrie me pousse à m’intéresser encore plus au Proche et au Moyen-Orient. La situation en Ukraine reste tendue, il faudra la suivre avec énormément d’attention, et la levée des sanctions en Biélorussie promet des développements intéressants. La période est faste pour quiconque s’intéresse à l’espace post-soviétique !
Retrouvez les textes de Pierre SAUTREUIL :
– Les gueules noires du Donbass (pas de version en ligne)
– Les seigneurs de guerre de Lougansk : http://tempsreel.nouvelobs.com/ukraine-la-revolte/20141214.OBS7862/ukraine-les-seigneurs-de-guerre-de-lougansk.html
– Les avions fantômes de Lougansk : http://tempsreel.nouvelobs.com/ukraine-la-revolte/20150218.OBS2788/ukraine-les-avions-fantomes-de-lougansk.html
Et son premier entretien avec EAP sur sont reportage « Qui a tué le commandant Batman? » : https://eurasiaprospective.wordpress.com/2015/07/23/pierre-sautreuil-reporter-en-ukraine/