Trump-Poutine: des affinités personnelles ne font pas une alliance géopolitique! (BRET sur DIPLOWEB)

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Un rapprochement Trump-Poutine n’est pas à exclure, dans les premiers temps de la présidence et sur le plan symbolique : une levée partielle des sanctions américaines en serait le signe – peu coûteux. Cela permettrait au nouveau président de marquer sa singularité et de souligner son nouveau statut d’homme d’Etat. Mais une alliance russo-américaine semble aujourd’hui peu probable : la promotion des intérêts américains dans le monde (fermeté face à l’Iran, solidarité hégémonique à l’OTAN) se heurte à la renaissance internationale de la Russie.

La victoire de Donald Trump au scrutin présidentiel du 8 novembre 2016 annonce-t-elle le réchauffement des relations russo-américaines que beaucoup prédisent ? Le 45ème président américain a effectivement exprimé son admiration pour le président Vladimir Poutine. Et il a été payé de retour par le leader russe. Les comparaisons entre les deux leaders vont aujourd’hui bon train : ils affichent le même mépris du « politiquement correct » et le même culte de la force. Ils sont tous deux critiques envers le système international actuel. De nombreux analystes soulignent en outre les proximités idéologiques et financières entre les entourages respectifs des deux leaders. Enfin, la thèse d’une alliance objective entre le candidat américain et les services russes pour déstabiliser la candidate Clinton en diffusant ses courriels piratés est aujourd’hui diffusée dans le camp démocrate.

Ces proximités – réelles ou supposées – suffiront-elles pour que le futur président Trump mette fin la « nouvelle Guerre Froide » en Europe orientale ? Un front uni russo-américain contre Daech en Syrie se profile-t-il ? Les alliés des Etats-Unis en Europe (Ukraine, Etats baltes, Pologne) et dans le Caucase (Géorgie) doivent-ils redouter un retournement d’alliance et la levée des sanctions américaines contre la Russie ?

Rien n’est moins sûr si on examine attentivement les éléments du programme diplomatique et militaire du candidat Trump exprimé le 27 avril 2016 dans les bureaux de la revue de géopolitique conservatrice The National Interest. Si on décrypte ce discours très construit [6], on constate que les similitudes apparentes ne peuvent tenir lieu de convergences politiques sur le fond. Si les affinités personnelles (encore bien hypothétiques) se confirment, elles n’effaceront pas les différends géopolitiques structurels entre les deux Etats : l’isolationnisme qu’on impute à Trump reste à confirmer (I) ; un « nouveau départ » avec la Russie est hautement improbable aujourd’hui (II), le réchauffement entre OTAN et Russie en Europe n’est pas à l’ordre du jour [7](III) et la coopération russo-américaine au Moyen-Orient est hautement improbable (IV).

Les ressemblances dans les postures personnelles ne conduisent pas nécessairement à une convergence des actions extérieures.

Retrouvez l’analyse sur Diploweb : Trump Poutine Alliance et article_1640