Contrairement à ce que certains peuvent penser, il n’est pas dans l’intérêt immédiat de Vladimir Poutine de créer une alliance avec Donald Trump. En effet, les Etats-Unis isolationnistes de Trump vont aider la Russie sur une échelle bien plus large et à long terme.
Atlantico : Pourquoi contrairement à ce que certains peuvent dire ou penser Vladimir Poutine ne souhaite pas une alliance avec Donald Trump à l’heure actuelle. Que souhaite Poutine concrètement dans sa relation avec Trump et les Etats-Unis à court terme ?
Florent Parmentier : Vladimir Poutine est lucide quant à la possibilité d’un rapprochement avec les États-Unis à court terme. En effet, il sait bien que Donald Trump est probablement le candidat le mieux disposé à l’égard de la Russie depuis la guerre froide, mais cela ne peut faire oublier le fait qu’une grande partie des élites de Washington demeure extrêmement méfiante vis-à-vis de Moscou. Il y a pour ainsi dire un « Etat profond » qui résiste fortement à toute forme de changement à l’égard de la Russie, à la fois pour des raisons de sécurité légitime, mais aussi par réflexe pavlovien.
Il existe en effet une coalition d’acteurs à Washington pour lequel toute politique de rapprochement vis-à-vis de la Russie semble être une hérésie : les partisans d’une alliance accrue avec l’Europe centrale dans le cadre de l’OTAN, les mouvements en faveur des droits de l’homme ainsi que les faucons partisans d’une politique américaine agressive sur le plan international.
Dès lors, les attentes de Vladimir Poutine restent assez limitées dans leurs ambitions. Il peut tout d’abord constater qu’il n’y a pas d’assouplissement de la politique américaine à l’égard de la politique russe en Ukraine : celle-ci a été rituellement condamnée à l’ONU. De même, Vladimir Poutine n’a pas exigé de son homologue américain une levée immédiate des sanctions, sachant que celle-ci ne rencontrerait pas un soutien massif au Sénat.
En fin de compte, on peut donc estimer que Vladimir Poutine entend garder des relations personnelles avec Donald Trump aussi bonnes que possible, tout en restant extrêmement lucide sur la possibilité d’un réel rapprochement entre les deux Etats à court terme. Il entrevoit néanmoins très positivement les critiques du président américain à l’égard de l’OTAN, ainsi que son dédain vis-à-vis de l’Union européenne.
En quoi les Etats-Unis isolationnistes de Trump peuvent avantager Vladimir Poutine qui prône une politique Russe interventionniste, sur le long terme ?
Au sortir de la chute de l’URSS, lorsque le système international issu de la guerre froide a explosé, les États-Unis ont pu s’affirmer comme le seul gendarme du monde, à un moment où la Russie ne pouvait même plus assurer sa propre influence au sein de l’espace post-soviétique. Cette volonté de puissance américaine a rencontré un écho favorable à la fois au sein de mouvement néoconservateurs, mais également du côté des impérialistes-démocrates, qui souhaitaient élargir la démocratie par la force des baïonnettes.
Face à cette situation, la Russie a fait de la critique de l’interventionnisme américain un des ressorts profonds de sa politique étrangère, affirmant au contraire sa croyance dans le système international (le système onusien où elle dispose du droit de véto), tout en attachant une importance cardinale au principe de souveraineté. C’est ainsi que l’ensemble des dirigeants russes ont vécu comme une véritable blessure le bombardement de Belgrade par l’OTAN en dehors des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.
Pour lire la suite, voir : http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-contrairement-qu-on-dit-poutine-ne-souhaite-pas-alliance-avec-trump-florent-parmentier-2966550.html#5mIUSDGuW8jDcU4X.99