La Fédération de Russie et la République Populaire de Chine (RPC) vivent actuellement une véritable « lune de miel diplomatique ». Pour Moscou, ce rapprochement a de multiples avantages pour faire face aux sanctions occidentales consécutives à la crise en Ukraine : il offre un débouché alternatif aux exportations d’hydrocarbures vers l’Europe et permet un front commun dans les instances internationales contre les politiques étrangères occidentales.
La dynamique actuelle des relations sino-russes ne reprend qu’en apparence celle des relations sino-soviétiques de 1949 jusqu’à la rupture dans les années 1960. En effet, le rapport de force est aujourd’hui structurellement en faveur de la RPC.
Ce partenariat entre deux puissances géopolitiques de premier plan mais profondément inégales est-il viable pour la Russie ? On peut en effet douter de la capacité de la Russie à maîtriser son très explicite « tournant vers l’Asie » dans le cas de la RPC. La Chine risque d’accaparer toutes les ressources diplomatiques, économiques, énergétiques de la Russie et de l’installer dans le statut de partenaire subalterne réduit aux fonctions de fournisseur de matières premières et de force d’appui dans les enceintes internationales. Toute la question est donc pour la Russie aujourd’hui de définir la place de son partenariat stratégique avec Pékin au sein de son « tournant asiatique ». Doit-elle porter les réalisations concrètes à la hauteur de sa rhétorique ambitieuse et nouer une véritable alliance avec Pékin ? Ou doit-elle désormais diversifier ses partenariats en Asie (Inde, Vietnam, Japon, Corée) pour éviter un face-à-face trop exclusif et trop écrasant avec la RPC ?
Au sein du numéro 86 du magazine Diplomatie, Cyrille BRET analyse les éléments du partenariat stratégique entre Chine et Russie. Retrouvez le texte ici : •D86_Bret