Atlantico : Angela Merkel remporte cette élection petitement devant un SDP historiquement bas et une AfD qui rentre en force au Bundestag (plus de 80 députés). Peut-on parler de cataclysme dans le paysage politique allemand ?
Fabien Laurençon : La thématique de la tectonique a été en effet abondamment utilisée tout au long de la soirée électorale en Allemagne. Le résultat d’hier soir, consécration d’une campagne décevante, frustrante pour une majorité d’électeurs, est en effet historique à plusieurs titres : le score de la SPD tout d’abord avec 20 % des suffrages, soit son plus bas niveau depuis 1949, est assez surprenant, c’est une gifle que vient d’infliger l’électorat à Martin Schulz, sanctionnant une campagne pourtant à fait honorable sur le fond du candidat social-démocrate.
La CDU et son alliée bavaroise enregistrent également leur score le plus décevant, avec 32 % des voix. Enfin, le 3e parti politique du Bundestag n’est ni le parti libéral FDP ni les Verts mais l’AfD : pour la première fois depuis la création de la démocratie allemande en 1949, c’est une formation populiste d’extrême droite qui fait son entrée au Parlement – ce qui ni la NPD ou la DVU, ses précurseurs à l’extrême-droite dans les années 1980 n’avaient réussi à faire.