Dans quelques semaines, les électeurs italiens renouvelleront l’intégralité de la Chambre basse de leur Parlement et les deux tiers de leur Sénat. Outre ses enjeux nationaux essentiels pour la Péninsule, ces élections législatives auront un impact évident sur la vie de l’Union et sur ses grandes urgences. Ces législatives interviennent une année après le revers subi par Matteo Renzi pour réformer la constitution italienne et rendre la République plus gouvernable. Toute la question est aujourd’hui non seulement de savoir si le jeune leader du Parti démocrate et le vétéran Silvio Berlusconi feront leur grand retour au Parlement et au gouvernement.
Mais, par-delà ces enjeux intérieurs, les Européens auront à coeur de scruter plusieurs tendances essentielles pour la vie du continent. D’une part, les populismes, en vogue en Autriche, en Hongrie, en Pologne ou encore en France, prendront-ils un nouvel élan sous l’impulsion du Mouvement 5 Etoiles, du parti de Silvio Berlusconi ou encore de la Ligue du Nord? D’autre part, le Beau Pays parviendra-t-il à réaliser les réformes institutionnelles que ses électeurs et ses partenaires européens attendent ? L’Italie est affaiblie par ses blocages institutionnels au moment même où elle est attendue sur des dossiers d’intérêt continental : les migrations en Méditerranée, les tensions en Libye, la construction de l’Europe de la défense, etc. Pour les Européens, les élections législatives de mars à Rome seront un signe d’espoir… ou une raison de plus de douter.
Le 18 mars prochain, les électeurs russes seront appelés aux urnes pour élire le prochain président de la Fédération. Le résultat fait peu de doute : sans rival sérieux, le président sortant, Vladimir Poutine, sera vraisemblablement réélu au premier tour. Les enjeux de cette élection sont bien identifiés pour le pays : toute la question est de savoir si Poutine IV sera capable de faire ce qu’il n’est pas parvenu à réaliser durant ses trois mandats présidentiels et ses deux primatures : diversifier l’économie et réindustrialiser le pays.
Mais les enjeux géopolitique sont eux plus difficiles à cerner. Une réélection sans doute triomphale incitera-t-elle le président russe à prolonger le rapport de force qui lui bénéficie sur la scène intérieure? Ou bien lui permettra-t-elle au contraire d’assouplir sa position, d’utiliser la fenêtre d’opportunité du printemps et du Mondial de football organisé chez lui du 14 juin au 15 juillet pour réinsérer la Russie dans le fonctionnement régulier des organisations multilatérales? Chronique d’une victoire annoncée pour Poutine. Mais incertitude stratégique pour les partenaires et les rivaux de la Russie.
Les 7 et 28 octobre 2018, les électeurs brésiliens auront à renouveler non seulement leur président, actuellement Michel Temer suite à la destitution de Dilma Rousseff, mais également un tiers du Sénat, la totalité de la Chambre des député et les institutions des Etats. Ces élections interviennent dans un contexte intérieur troublé : à la crise économique et budgétaire s’ajoute la crise institutionnelle déclenchée par les scandales de corruption, le discrédit de la classe politique fédérale ainsi que les incertitudes sur le sort de l’ancien président Lula da Silva.
Par-delà les enjeux nationaux essentiels de ces élections, il convient de mesurer l’impact de ces élections pour le continent sud-américain et pour l’équilibre global. Principale puissance économique et militaire de la région, engagé dans un effort de défense dont les autres poids lourds régionaux sont incapables pour le moment, figure éminente des BRICS et promoteur d’un renouvellement des institutions multilatérales, le Brésil pâtit de ses difficultés intérieures sur la scène internationale. En plongeant dans la crise politique, le Brésil a privé les équilibres internationaux – bien précaires – d’un point d’appui hautement nécessaire. Du Grand Nettoyage au Grand rééquilibrage, il y a un pas important à franchir…
En novembre 2018, deux ans après la victoire de Donald Trump aux présidentielles, les électeurs américains éliront un tiers de leurs sénateurs et l’intégralité des 435 représentants au Congrès des Etats-Unis. Après la défaite cuisante de Hillary Clinton mais aussi après les succès aux élections partielles en Virginie et en Alabama, les Démocrates auront pour principal enjeu de combler leurs retards : les Républicains ont une courte majorité au Sénat (1 siège) et un avantage plus confortable à la Chambre (47 sièges). La dynamique est en leur faveur notamment en raison de la sourde opposition entre le président et le parti républicain.

Les élections les plus lourdes de conséquences pour les relations internationales en 2018 n’auront peut être tout simplement pas lieu. Reportées à 2018 il y a plus de deux ans en raison des difficultés du parlement à élire un président pour le pays, régies par une nouvelle loi électorale, les élections législatives libanaises cristallisent en elles à la fois la crise sociale du pays qui a conduit à de nombreuses manifestations, la crise migratoire et politique due à la guerre en Syrie et les tensions régionales qui font du pays la caisse de résonance des conflits du Moyen Orient.
Ainsi, quel parlement le Liban pourra t il se donner alors même que le pays est l’enjeu de l’affrontement entre l’Arabie saoudite et l’Iran? Pourra-t-il conjurer le spectre de la guerre civile, des tensions confessionnelles et des violences entre communautés alors que le pays doit faire face aux défis de la montée en puissance militaire du Hezbollah via le théâtre d’opération syrien, à l’accroissement du nombre de citoyens syriens sur son sol et à la montée des tensions en Méditerranée orientale? espérons que la scène politique libanaise ne servira pas une fois encore de champ de bataille par procuration pour les puissances régionales et internationales.
