Retour sur la première année de Donald Trump à la Maison-Blanche : chronologie (1/2) (BOURGOIS pour EurasiaProspective)

C’était il y a un an, le 20 janvier 2017. Le 45ème Président des États-Unis, Donald Trump, prêtait serment sur les marches du Capitol à Washington. Aux États-Unis comme dans de nombreux pays du monde, nombreux sont ceux qui s’indignaient alors de l’arrivée au pouvoir du nouveau Président américain, tant le milliardaire – au parcours atypique – est controversé. L’anniversaire de son investiture offre l’occasion de revenir sur les moments importants de sa première année au pouvoir, et permet également de s’interroger sur le bilan actuel du Président américain.

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Un an de Présidence en « quelques » dates importantes

8 novembre 2016 : Donald Trump est élu Président à la surprise générale face à son adversaire démocrate, Hillary Clinton.

20 janvier 2017 : Entrée en fonction du très controversé 45e Président des États-Unis, Donald Trump. « À partir de maintenant, ce sera l’Amérique d’abord » déclare-t-il notamment lors de son discours d’investiture.

23 janvier 2017 : Donald Trump réalise une importante promesse de campagne en signant l’acte de retrait des États-Unis du Traité de libre-échange transpacifique (TPP) signé le 4 février 2016 par douze pays d’Amérique et d’Asie (Australie, Brunei, Canada, Chili, États-Unis, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam). Le Président se place ainsi en rupture vis-à-vis de son prédécesseur, Barack Obama.

25 janvier 2017 : Le nouveau Président américain signe un décret lançant son projet « phare » de campagne, à savoir la construction d’un mur à la frontière mexicaine dans le but de lutter contre l’immigration clandestine. « Nous construirons le mur », annonce-t-il ainsi ce même jour. Pourtant, le projet traîne depuis en longueur, notamment concernant son financement.

27 janvier 2017 : Trump signe un décret très controversé suspendant temporairement l’accès au territoire des États-Unis aux réfugiés ainsi qu’aux citoyens de 7 pays dont la population est à majorité musulmane (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen). Une vague d’indignation émerge dans de nombreux pays du monde.

4 février 2017 : Le juge fédéral de Seattle, James Robart bloque l’application du décret « anti-immigration » de Donald Trump. Cette décision est confirmée le 9 février 2017 par la Cour d’appel de San Francisco. Il s’agit alors d’un revers important pour le Président Trump.

15 mars 2017 : Nouvel échec pour Donald Trump concernant son décret « anti-immigration ». En effet, une seconde version signée le 6 mars est bloquée par un juge d’Hawaï, Derrick Watson. Le décret est également suspendu par un juge du Maryland. Pour sa part, le Président Trump promet alors d’aller jusqu’à la Cour suprême.

24 mars 2017 : Si Donald Trump a signé, le jour de son investiture, un premier décret visant à affaiblir l’Obamacare, il échoue le 24 mars à faire adopter un projet de loi relatif au système de santé, faute de voix suffisante à la Chambre des représentants. Cela illustre clairement l’incapacité du nouveau Président à surmonter les divisions profondes au sein du Parti républicain (notamment entre l’aile conservatrice et celle plutôt modérée du GOP), pourtant majoritaire. Il s’agit d’un échec considérable pour Donald Trump qui avait fait de l’abrogation de l’Obamacare un axe fort de sa campagne.

12 avril 2017 : Après avoir critiqué l’OTAN, durant toute sa campagne et au début de sa présidence, en la qualifiant notamment d’organisation « obsolète », Donald Trump affirme, après une rencontre avec le Secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, que l’organisation n’est selon lui « plus obsolète » mais au contraire, demeure un « rempart pour la paix internationale », puisqu’elle s’occupe désormais véritablement, selon lui, du problème terroriste. Il s’agit d’un revirement majeur tant le Président semblait critique vis-à-vis de l’organisation.

26 avril 2017 : Peu avant le cap symbolique des « 100 jours », Donald Trump dévoile les points importants de son projet de réforme de la fiscalité. Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin et le conseiller économique Gary Cohn ont présenté les points importants de la réforme, passant notamment par une baisse considérable des taux d’imposition, notamment pour les sociétés (de 35% à 15%) ou par le passage du nombre de tranches de 7 à 3 pour les ménages.

6-7 avril 2017 : Première rencontre sous tension entre Donald Trump et le dirigeant chinois Xi Jinping en Floride. Cette rencontre était particulièrement attendue, notamment concernant le dossier des relations commerciales (Donald Trump ayant notamment accusé la Chine, durant la campagne, de « manipuler sa monnaie »), celui relatif à la Corée du Nord (dans lequel le Président américain essaie notamment de faire pression sur la Chine) ou encore, celui concernant Taïwan (Donald Trump, fraîchement élu, s’était entretenu au téléphone avec la Présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, semblant alors rompre avec la politique de la « Chine unique », tradition diplomatique américaine des quarante dernières années). Cette première rencontre diplomatique entre les deux dirigeants semble finalement s’être bien passée. « Nous avons fait des progrès spectaculaires dans notre relation avec la Chine » s’est d’ailleurs félicité le Président américain.

6-7 avril 2017 : Le Président Trump, à la surprise générale, décide, dans la nuit du 6 au 7 avril, de bombarder une base aérienne de l’armée syrienne près de Homs, cela pour répondre à l’attaque chimique de Khan Cheikhoun du 4 avril 2017, attribuée au régime de Bachar Al-Assad. Donald Trump ayant régulièrement critiqué l’interventionnisme de ses prédécesseurs en politique étrangère, ces bombardements américains traduisent ainsi un retournement spectaculaire de la ligne qui semblait être défendue par Donald Trump jusqu’à présent.

7 avril 2017 : La nomination du juge ultra-conservateur Neil Gorsuch (annoncée le 31 janvier 2017 par le Président Trump) est confirmée par le Sénat américain à une courte majorité. Le seuil des 60 voix nécessaires n’étant pas atteint au vu de la forte opposition des démocrates au Sénat, le chef de la majorité républicaine, Mitch McConnell, recourt en effet à l’« option nucléaire », suscitant alors de vives contestations de la part des Sénateurs démocrates.

13 avril 2017 : Sur ordre de Donald Trump, l’armée américaine décide de larguer la « mère de toutes les bombes » (Bombe GBU-43/B – Massive Ordnance Air Blast Bomb) contre Daesh en Afghanistan. Le Président américain de félicite d’ailleurs d’une telle opération en affirmant notamment qu’il était « très fier » de son armée. Une nouvelle fois, cette décision semble annoncer un véritable revirement de Donald Trump en politique étrangère.

4 mai 2017 : Victoire importante pour Donald Trump. La Chambre des représentants approuve, de justesse (217 voix pour, 213 contre), une nouvelle version du projet d’abrogation et de remplacement de l’Obamacare. Le texte doit désormais passer l’obstacle du Sénat. À ce sujet, rien n’est pour autant acquis au vu de la composition de la chambre haute du Congrès (52 membres pour le groupe républicain contre 48 pour le groupe démocrate).

25 mai 2017 : Lors de son premier sommet de l’OTAN, Donald Trump prononce un discours relativement virulent devant l’ensemble des dirigeants des pays membres. S’il réaffirme l’importance de l’organisation, il dénonce avec vigueur les « mauvais payeurs » en insistant notamment sur la nécessité de consacrer au minimum 2% du PIB au budget de défense. Surtout, le nouveau Président américain ne montre pas son attachement explicite à l’article 5 du traité de l’OTAN, véritable socle de l’organisation, qui implique l’assistance entre les alliés en cas d’agression extérieure. Vivement critiqué, Donald Trump choisit finalement, quelque temps après, de rassurer les membres de l’Alliance et réaffirme le soutien des États-Unis envers l’article 5. C’est d’ailleurs en marge de ce sommet de l’OTAN que le Président américain rencontre pour la première fois Emmanuel Macron. Une discussion que le Président français, alors fraîchement élu, qualifie de « franche ».

1 juin 2017 : Donald Trump confirme une promesse de campagne en affirmant se retirer de l’accord de Paris sur le climat. « J’ai été élu pour représenter les citoyens de Pittsburgh, pas de Paris », déclare-t-il à ce sujet. Il adresse sa décision à l’ONU le 4 août 2017. Selon lui, cet accord était profondément désavantageux pour les américains. Il s’est cependant dit prêt à négocier un nouvel accord plus avantageux. Le Président a même récemment donné des signes d’un retour en arrière possible.

18 juin 2017 : Les États-Unis abattent un avion de l’armée syrienne, accusé d’avoir attaqué les forces combattant Daesh (soutenues par les États-Unis). Le régime de Damas étant allié à la Russie, cet événement, ajouté aux frappes d’avril, a une implication directe dans les relations entre Washington et Moscou.

29 juin 2017 : Le décret « anti-immigration » entre partiellement en vigueur suite à une décision de la Cour suprême du 26 juin. Le texte, certes modifié, interdit désormais temporairement l’accès aux États-Unis aux réfugiés et aux habitants de 6 pays (Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen) « n’ayant pas établi de relation de bonne foi avec une personne ou une entité aux États-Unis ». Si Donald Trump évoque une « nette victoire » pour la sécurité nationale américaine, cela reste une victoire partielle au vu des modifications effectuées.

7 juillet 2017 : Donald Trump rencontre pour la première fois son homologue russe, Vladimir Poutine, à l’occasion du sommet du G20, à Hambourg. Sur fond d’« affaire russe » et de tensions internationales, comme par exemple sur le dossier syrien, cette rencontre était très attendue et semble s’être bien passée entre les deux hommes. « Je pense qu’on s’entend très, très bien » a d’ailleurs déclaré le Président américain. Les relations se sont considérablement détériorées depuis lors.

28 juillet 2017 : Echec majeur pour le Président Trump. Si l’adoption par la Chambre des représentants de son projet de réforme de la santé début mai laissait croire une victoire possible de Donald Trump sur l’Obamacare, le Sénat américain rejette l’abrogation partielle de la loi de santé de son prédécesseur. Trois sénateurs républicains – John McCain, Susan Collins et Lisa Murkowski – ont rejoint les démocrates et ont voté contre le texte, qui est donc rejeté par 51 voix contre 49. Cette absence de majorité suffisante se retrouve fin septembre, preuve de la difficulté, pour le Président Trump, de tenir sa promesse emblématique de campagne.

19 septembre 2017 : Premier discours de Donald Trump à l’ONU. Devant l’assemblée générale des Nations Unies, le Président américain se montre très incisif, notamment à l’encontre des « États voyous ». Il attaque notamment l’Iran, qu’il qualifie de « dictature corrompue » et dénonce le programme nucléaire comme « l’un des plus mauvais » jamais conclu par les États-Unis. Surtout, il s’en prend avec véhémence à la Corée du Nord, qu’il menace de « détruire complètement » en cas d’agression, et affirme notamment que l’« homme-fusée » Kim Jong-un est en « mission de suicide pour lui-même et pour son régime ».

24 septembre 2017 : Son décret « anti-immigration » du mois de juin arrivant à expiration, Donald Trump présente un nouveau décret s’étendant à trois nouveaux États, la Corée du Nord, le Venezuela et le Tchad, qui viennent s’ajouter aux pays déjà concernés, excepté le Soudan, qui est quant à lui retiré de la liste. Cette fois-ci, les restrictions sont permanentes. Elles sont censées entrer en vigueur le 18 octobre 2017.

12 octobre 2017 : Malgré son échec important du mois de juillet sur le dossier, le Président Trump signe un décret afin d’affaiblir l’Obamacare. Après l’incapacité de parvenir à ses fins par la voie législative, c’est donc à la voie réglementaire que s’en remet Donald Trump pour essayer de contourner la loi de santé de son prédécesseur.

17 octobre 2017 : Nouveau revers pour Donald Trump concernant son décret « anti-immigration ». La troisième version signée fin septembre est à nouveau bloquée par le juge d’Hawaï, Derrick Watson, qui affirme notamment que ce nouveau décret « souffre précisément des mêmes maux que son prédécesseur ». Le décret est également suspendu par un juge fédéral du Maryland.

13 novembre 2017 : Une Cour d’appel de San Francisco autorise de manière limitée le décret « anti-immigration » dans sa troisième version. S’il reste en vigueur, il ne concerne plus les « étrangers qui peuvent démontrer une relation authentique avec une personne ou une entité aux États-Unis ».

4 décembre 2017 : Victoire importante pour le Président américain. La Cour suprême décide de remettre en vigueur, et cela en totalité, la dernière version du décret « anti-immigration » de Donald Trump signée fin septembre. Ce texte est donc remis en application le 8 décembre, en attendant un examen sur le fond.

6 décembre 2017 : Donald Trump suscite de vives réactions à travers le monde en déclarant que les États-Unis reconnaîtront désormais Jérusalem comme capitale d’Israël. Donald Trump réalise ainsi l’une de ses promesses de campagne mais nombreux sont ceux qui s’indignent d’une telle décision et notamment, de ses conséquences sur l’évolution du conflit israélo-palestinien.

20 décembre 2017 : Victoire majeure pour Donald Trump. Son projet de réforme fiscale est adopté par le Congrès américain. Il représente la plus grande baisse d’impôt depuis plus de 30 ans. Il s’agit de la première grande réforme du Président américain et celle-ci prend une dimension symbolique, au vu de ses échecs sur d’autres dossiers, notamment la réforme de l’Obamacare. Pour autant, la réforme est vivement critiquée par les opposants au Président qui y voient un véritable « cadeau » aux plus riches.

19 janvier 2018 : La Cour suprême annonce qu’elle va bien examiner, sur le fond, la troisième version du décret « anti-immigration » de Donald Trump. Une décision est attendue pour la fin du mois de juin sur ce dossier ô combien explosif et dont le Président américain a bien du mal à mettre en application.

20 janvier 2018 : Donald Trump fête son premier anniversaire à la Maison-Blanche. La fête est grandement gâchée, pour le Président, par l’absence d’accord sur le budget. De fait, ce « premier anniversaire » se manifeste par un « shutdown » que le pays n’avait plus connu depuis 2013. L’administration américaine est ainsi en partie paralysée et le Président doit désormais s’employer à attribuer la responsabilité de cette crise aux démocrates.

Pierre Bourgois
Doctorant en science politique, Attaché temporaire d’enseignement et de recherche (CMRP-IRM), université de Bordeaux.
Contact : pierre.bourgois@hotmail.fr