La Turquie rejoindra-t-elle l’Organisation de la Coopération de Shanghaï ? (PARMENTIER pour Telos)

Au milieu de l’été, en pleine crise entre Washington et Ankara, la tentation turque de rejoindre l’Organisation de la Coopération de Shanghai (OCS), groupe construit autour de la Chine et de la Russie pour répondre à des enjeux sécuritaires, a refait surface. Sommes-nous à la veille d’un basculement stratégique?

Les dessous d’une tentation revendiquée

Le 11 août dernier, le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé dans le New York Times ses doutes sur le partenariat entre son pays et les États-Unis, exprimant clairement qu’il entrevoyait la possibilité de partenariats alternatifs avec d’autres pays. Cette prise de position est probablement l’une des conséquences du coup d’État manqué du 15 juillet 2016 en Turquie, qui ne manque pas de connaître des répliques : la reprise en main complète de l’appareil d’État (une série de purges ayant conduit à limoger plus de 150 000 fonctionnaires) ainsi que la chasse aux gülenistes, accusés d’avoir contribué au coup d’État. Les gülenistes sont poursuivis jusqu’en Moldavie, où sept enseignants ont été expulsés fin septembre 2018, sur le modèle des expulsés du Kosovo de mars 2018. Sans nul doute, ce développement interne ne manque pas d’influencer les orientations géopolitiques de la Turquie, les dirigeants ayant fait part de leurs motivations de se rapprocher de nouvelles structures, comme les BRICS ou l’Organisation de la Coopération de Shanghai – une demande déjà émise il y a quelques années.

Aussi, la problématique de l’élargissement n’est pas l’apanage unique de l’Union européenne ou de l’OTAN : les nouvelles institutions ont connu également ce type de défis. Les BRIC sont devenus BRICS suite à l’intégration de l’Afrique du Sud fin 2010, grâce à l’appui décisif du Brésil et de l’Inde. Quant à l’OCS, au moment où le Brexit frappait l’Europe fin juin 2016, elle a accueilli l’Inde et le Pakistan dans ses rangs au même moment, pour une entrée officielle en 2017. Si la Turquie entretient avec la Russie une relation énergétique forte, tandis que les Ouïghours comptent parmi les minorités turcophones de Chine, force est de constater que les deux États fondateurs craignent également d’ouvrir la porte à un nouveau concurrent géopolitique – tous les États centre-asiatiques étant turcophones à l’exception du Tadjikistan, persanophone. À ce stade, il semble que la candidature turque manque de soutien au sein de ces deux blocs pour pouvoir intégrer ces deux clubs, faute d’un lobbying efficace et de soupçons d’arrière-pensées.

Faut-il y voir une réelle tentation de la Turquie, c’est-à-dire un témoignage de sa volonté d’émancipation, ou un message envoyé à ses partenaires de l’OTAN, Américains comme Européens ?

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