On a assisté progressivement à une sécuritisation du cyberespace, c’est-à-dire à la prise en compte d’une dimension de sécurité à laquelle on prêtait moins d’importance dans les discours et les pratiques par le passé. La cyberdéfense désigne une certaine conception de l’action sur, dans et à travers les réseaux numériques et les activités qu’ils soutiennent (p.11), ou « l’ensemble des activités conduites afin d’intervenir militairement ou non dans le cyberespace pour garantir l’effectivité de l’action des forces armées, la réalisation de mission confiées et le bon fonctionnement du Ministère » (p.45). Ce champ connaît une autonomisation croissante, même si ses discours et ses représentations technoscientifiques restent liés aux autres champs de la conflictualité. Pour aborder la cyberdéfense le plus largement possible, l’ouvrage se compose de trois grandes parties : l’étude du contexte global de la cyberdéfense, les enjeux du domaine numérique ainsi que l’espace numérique comme domaine opérationnel.
Pour comprendre pourquoi le cyberespace est un espace géopolitique, voir la suite du texte ici.
Voici un ouvrage qui présente la cyberdéfense sur le plan technique en mettant en lumière des stratégies et des représentations, des interactions d’acteurs, des réalisations et des pratiques.
Présentation de l’ouvrage dirigé par Stéphane Taillat, Amaël Cattaruzza, Didier Danet, « La cyberdéfense. Politique de l’espace numérique », Paris, Armand Colin. En écho au nouveau programme de 1ère spécialité Histoire-Géographie et Géopolitique, cette présentation permet de nourrir le thème 4 et son axe 1 pour l’extension du réseau Internet. LE PIRE adversaire de la connaissance n’est pas l‘ignorance, mais le fait de croire savoir, disait le physicien Stephen Hawkins. Nous ne saurions mieux dire concernant le cyberespace, qui apparaît bien comme un espace d’expression du pouvoir et de la force, de tension entre différentes identités, mais que l’on pense parfois neutre sur le plan technique. Nous savons qu’il existe, mais on descend rarement à un niveau de détail adéquat pour en comprendre les ramifications.
C’est bien l’objet de cet ouvrage collectif, qui aborde la cyberdéfense sur le plan technique en mettant en lumière des stratégies et des représentations, des interactions d’acteurs, des réalisations et de pratiques, en dehors du déterminisme technologique. Il est intéressant de noter à cet égard qu’il existe plusieurs définitions du cyberespace, dont un certain nombre font l’impasse sur la dimension humaine et politique de celui-ci. Environnement, domaine, milieu ou moyen, chaque acteur produit sa propre définition de ce champ. Le cyberespace ne peut pas être considéré « comme un bloc homogène et uniforme, mais il faut plutôt le voir comme une multitude de cyberespaces : chaque acteur, chaque usager construit son « espace » en fonction de son utilisation, de ses représentations, de ses intérêts » (p.8). Nous ne serons ainsi pas surpris de retrouver des notions de dissuasion et de coercition déjà présentes pendant la Guerre froide.