Xi Jinping en France : retour sur la visite de mars 2019 (PARMENTIER pour Atlantico)

C’est au moment même de la visite de Xi Jinping en Europe que l’Union a choisi d’adopter un ton différent avec la Chine, en évoquant le terme de « rival systémique ». Comment expliquer ce qui peut apparaître comme un revirement après une période qui avait semblé révéler un rapprochement sur la base de la défense du « multilatéralisme » suite à l’élection de Donald Trump ?

Le changement de terme correspond peut-être à une adaptation au monde tel qu’il est. En effet, il est sans doute normal aujourd’hui que ne plus considérer la Chine comme une économie en développement, puisque c’est là le résultat d’un développement économique continue depuis une quarantaine d’années. Le terme de « rival stratégique » signifie donc une forme de reconnaissance des progrès économiques chinois au cours des décennies passées.

Toutefois, si la Chine peut légitimement en tirer une forme de fierté, et ne pas s’en inquiéter outre mesure, elle a su jusqu’à présent faire un bon usage de sa position. De plus, la visite du chef d’Etat chinois intervient un moment où la situation de son pays devient plus fragile : sur le plan intérieur, son rythme de croissance effrénée semble faiblir inexorablement, devenant inférieur à celui de l’Inde. Dans le même temps, la question de Huawei, entreprise chinoise de Shenzen, dont l’avance dans la 5G et les liens avec le régime alimentent une défiance des pays européens et des États-Unis vis-à-vis de la Chine. Les ambitions de la Chine en mer nourrissent également les soupçons concernant l’expansionnisme de Pékin, tout comme l’ambitieux projet des nouvelles routes de la soie. Ces forts soupçons vis-à-vis de la concurrence de la Chine ont été exprimés récemment à l’occasion de de la récente fusion avortée entre Alstom et Siemens : la menace chinoise a été explicitement mentionnée comme l’une des bonnes raisons pour lesquelles il fallait réaliser la fusion entre le géant français et l’allemand.

En un mot, la défense du multilatéralisme ne suffit plus à masquer la différence d’intérêts en matière économique.

Concrètement, en quoi l’Union européenne modifie-t-son approche de ses relations avec Pékin ?

Dans le contexte précédemment mentionné, il paraît évident que les relations sino-européennes risquent de se tendre, au détriment des deux acteurs. L’approche européenne de la Chine doit éviter un double danger, comparable au cas de la Russie : d’une part, celui de considérer la Chine comme un adversaire, et d’autre part celui de ne pas voir qu’elle pourrait constituer un rival.

Des pays européens doivent faire preuve de fermeté et de cohésion avec la Chine. Il est sans doute contre-productif de donner des leçons de droits de l’homme, mais la situation des minorités religieuses ne peut être totalement ignorée non plus, notamment en ce qui concerne les Ouïghours. Les Européens demandent une plus grande réciprocité dans les échanges économiques et l’accès aux appels d’offres des marchés publics, sans pourtant obtenir de grands succès en la matière.

Les Européens doivent dans le même temps parler avec les Chinois et garder une attitude de dialogue en multipliant les échanges économiques, sociaux et culturels. La Chine participe pleinement au processus de gouvernance climatique mondiale, dans la mesure où elle commence à voir les limites écologiques de son expansion.

Les Européens sont donc prêts, pour certains, à une approche plus dure sur la Chine.

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