Ce 28 février, le Parisien titrait « Comment la Russie veut influer sur les élections européennes » pointant les peurs européennes d’ingérence de la part de Moscou. A contre courant de cette idée, le site américain de défense « WarOnTheRocks » souligne pour sa part les faibles résultats obtenus par la Russie dans sa stratégie d’influence en Europe, notamment par son incapacité à obtenir ces résultats en Europe de l’Ouest, au cœur du pouvoir, mais également parce que ces actions sont de nature incertaine. Comment mesurer les résultats de cette stratégie parfois appelée de « guerre politique » menée par Moscou en Europe ?
La Russie est passée de la volonté de voir l’Europe gagner davantage d’autonomie stratégique au début des années 2000 (jusqu’au Sommet UE – Russie de Saint-Pétersbourg en 2003, également année de la guerre d’Irak) à la volonté d’affaiblir les institutions européennes, qui sont perçues comme des relais des États-Unis, dont le projet consiste essentiellement à affaiblir la Russie sur ses flancs occidentaux et méridionaux. Afin de gagner des marges de manœuvre en Europe, la Russie a été obligée de renouveler ses relais d’influence, ses anciens relais pro-soviétiques étant limités.
La Russie ne créé pas des oppositions à l’Europe, mais donne à celles-ci de nouveaux moyens d’expression et de visibilité à l’heure du numérique. Les Européens ont donc raison de s’inquiéter des éventuelles manipulations d’information venant de Russie comme d’autres pays, d’autant que les pratiques peuvent varier d’un pays à un autre. Aux Européens de mettre en place les défenses appropriées, en termes de résilience de l’information ou de cybersécurité.
Il faut toutefois relever une contradiction fondamentale : au moment même où Barack Obama décrivait la Russie comme une puissance régionale, cette même Russie a été accusé d’avoir pu influencer le sort de l’élection présidentielle américaine pour commencer, puis les différentes élections européennes. Du Brexit à la volonté d’indépendance de la Catalogne, la Russie s’est systématiquement retrouvée sur le banc des accusés. On sait par exemple qu’un certain nombre de mouvements nationalistes ou même d’extrême-gauche ont pu bénéficier du soutien russe, sous diverses formes. Lors de la présidentielle française, les autorités russes ont tenté par exemple de soutenir l’idée d’Emmanuel Macron avec un compte secret à l’étranger, en faisant monter le #MacronLeaks sur les réseaux sociaux. Les résultats sont toutefois mitigés.
En quoi les actions menées, même lorsqu’elles sont « réussies », ne permettent finalement pas d’atteindre le résultat escompté ?
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Le président Trump, même s’il a personnellement vanté les mérites du président russe, dont il trouve les compétences supérieures à ceux du président Obama, ne parvient pas à améliorer les relations avec la Russie. En effet, le Congrès américain reste très hostile à la Russie, un adversaire bien identifié. Toutefois, toute initiative de Donald Trump vis-à-vis de la Russie semble susciter la méfiance des Sénateurs américains, qui ne manqueront pas d’entretenir le doute sur une possible collusion.
Ainsi, même avec des partis au pouvoir considérés comme plus favorables aux intérêts de la Russie, les résultats sont donc limités. Même en Moldavie dimanche dernier, les élections ne donnent pas de résultats avantageux aux partis dits pro-russes. L’élection d’une coalition populiste en Italie, un des Etats fondateurs de l’Union européenne, ne permet pas de faire lever les sanctions existantes. Un discours complaisant vis-à-vis de la Russie ne suffit pas à celle-ci pour faire prévaloir ses intérêts.
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