Emmanuel Macron reçoit ce lundi après-midi Vladimir Poutine à Brégançon. Quelques jours avant le G7 de Biarritz, où la Russie n’est pas invitée. Cela va dans le sens d’un réchauffement des relations entre Paris et Moscou.
Vers un réchauffement des relations franco-russes? La France a œuvré pour qu’en juin la Russie fasse son retour au Conseil de l’Europe. Elle en avait été exclue il y a 5 ans après l’annexion de la Crimée par Moscou.
Puis, en juin également, les premiers ministres Edouard Philippe et Dimitri Medvedev se sont rencontrés au Havre. Et enfin, le mois prochain, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, français et russes, devraient se rencontrer à Moscou comme c’était le cas avant la crise ukrainienne.
« C’est un moyen pour la France de reprendre l’initiative »
Pour Florent Parmentier, enseignant à Sciences-Po, ce rapprochement est nécessaire. La Russie est un rouage essentiel des négociations stratégiques au niveau mondial.
« C’est un moyen pour la France de reprendre l’initiative et de dire à Poutine que nous aller essayer de l’inclure dans ce développement. Se pose également les questions de l’Iran et de l’Ukraine pour se mettre en position de négociation. »
D’autant qu’en Europe, la France a les moyens de se placer en interlocuteur privilégié avec la Russie car Angela Merkel est sur le départ, et Boris Johnson, en Angleterre, ne peut pas parler pour tout le vieux continent en raison du Brexit.
« C’est mal venu. Pourquoi conforter Poutine dans ses positions? »
Mais cette rencontre, la 2e sur le sol français, après celle à Versailles juste après l’élection d’Emmanuel Macron il y a deux ans, n’est pas du gout de tout le monde. Galia Ackerman, écrivaine, historienne et spécialiste du monde Russe, estime que recevoir Vladimir Poutine revient à cautionner son attitude.
« Je pense que cette invitation c’est un peu trop de complaisance. Quelques jours seulement après l’écrasement des manifestations pacifiques de l’opposition à Moscou. L’inviter c’est comme donner l’aval de ces pratiques. C’est mal venu. Pourquoi conforter Poutine dans ses positions? »
Effectivement, il y a toujours des différences sur le fond entre la France et la Russie. Paris a condamné les récentes interpellations lors des manifestations de l’opposition, à Moscou. Lors de la rencontre entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, à Versailles, le président français avait ouvertement critiqué les atteintes aux droits de l’homme.
Et puis, il y a deux mois, Vladimir Poutine a assuré que « la pensée libérale est dépassée », ce à quoi Emmanuel Macron a répondu que « les démocraties libérales ont encore beaucoup à apporter ».
L’entretien est accessible ici.