29e jour de manifestation en Biélorussie. Que dire des manifestations en Biélorussie aujourd’hui ? Il faut saluer le courage et l’inventivité des manifestants, et à vrai dire des (nombreuses) manifestantes ; les manifestations sont pacifiques, créatives, ce qui rend plus difficile pour les pouvoirs publics de justifier l’usage de la force.

Alexandre Loukachenko semble avoir un temps de retard : à l’allumage, ayant sous-estimé le caractère outré du score qu’il s’est attribué ; dans la gestion de la crise, où l’intimidation ne fonctionne que peu ; dans la mauvaise estimation de sa baisse de popularité dans les usines. S’il y a peu de défections à haut niveau, des défections à des échelons inférieurs sont enregistrés, y compris chez les forces de l’ordre.
Trois facteurs sont à suivre dans ce choc de volonté. Le premier concerne les réserves de change de la Biélorussie : celle-ci risque d’être en situation financière difficile d’ici un mois. Cela devrait amener le pouvoir à accepter de l’aide de l’extérieur ou des compromis à l’intérieur. La première solution semble la plus probable. La position de l’Europe, avec les questions des sanctions : le faire trop tôt et à mauvais escient c’est potentiellement consolider le pouvoir en place. Ne rien faire n’est pourtant aucunement la solution et on ne peut pas se revendiquer une puissance géopolitique et laisser de côté le sort d’un voisin. Enfin, la Russie paraît hésitante dans cette crise ; les médias russes montre les répressions, et les élites des politiques étrangères sont divisées sur l’opportunité de soutenir un Président en perte de vitesse. Peut-être vaut-il mieux attendre de voir de quel côté tourne le vent avant d’arrêter une position.
La situation peut encore durer plusieurs semaines…