1-Comment expliquer un tel regain de tensions en Mer baltique ?
Il est vrai que la Suède manifeste sa capacité d’action militaire avec une emphase sans équivalent depuis le coup d’Etat d’août 1991 en Union soviétique.
Historiquement, la Suède et la Russie ont combattu à de multiples reprises, des affrontements entre la principauté de Novgorod et la Suède (XIIe-XIVe siècle) jusqu’à la guerre de 1808-1809 qui fait passer le Grand-duché de Finlande sous le contrôle de la Russie. L’île de Gotland et la région de Norrland sont plus particulièrement vulnérables, dans l’espace maritime ou aérien, du fait d’une moindre importance accordée à la défense du territoire que par le passé, l’Armée suédoise s’étant concentrée sur d’autres priorités comme les opérations de maintien de la paix. Le budget suédois de la défense augmente à présent, après une baisse sensible sur plusieurs décennies. Il faut du temps avant que les sommes investis produisent des effets.
2- La situation en Biélorussie est-elle au cœur des enjeux de cette nouvelle crise ?
La situation en Biélorussie peut avoir des incidences en matière sécuritaire en Pologne, dans les Etats Baltes (la Lituanie et la Lettonie ont une frontière commune avec la Biélorussie), et résonner vigoureusement dans les espaces politiques nationaux. Elle introduit certainement un élément d’instabilité, une nouvelle crise au milieu d’autres menaces – militaires, mais aussi sociales et environnementales.
Pour autant, elle ne semble pas encore inquiéter la Suède, dans la mesure où ni l’opposition ni le camp de Loukachenko ne semblent vouloir s’attaquer à l’intégrité ou à la souveraineté de la Suède.
3-Quelles sont les stratégies de la Russie et de la Suède dans ce dossier sensible ? La communauté internationale pourrait-elle apaiser les tensions ?
La Russie est dans une position attentiste en ce qui concerne la crise biélorusse. Elle ne souhaite pas un nouveau bras de fer comme celui qui a eu lieu il y a 6 ans au sujet de l’Ukraine. En patientant, Moscou se met dans une position d’arbitre : soit Loukachenko parvient à se maintenir, et la politique d’indépendance et de souveraineté de ce dernier vis-à-vis de la Russie s’affaiblira ; soit il y a une nouvelle équipe qui remplace Loukachenko, et il s’agira pour la Russie de rappeler au nouveau gouvernement qu’une sortie des alliances sera coûteuse à la Biélorussie. Dans les deux cas, la position russe peut en tirer bénéfice sans bouger une ligne de défense.
La Suède, pour sa part, entend suivre une voie européenne qui ne reconnaît pas la légitimité de Loukachenko, mais qui sait pour autant qu’il faudra lui parler dès lors qu’on envisage un départ négocié de celui-ci. Une politique de sanctions ciblées et un rappel aux valeurs de l’Etat de droit et des droits de l’Homme sont à prévoir.
Pour l’heure, les clés de cette crise ne dépendent pas des acteurs internationaux eux-mêmes, mais du choc de volonté entre une mobilisation sociale sans précédent dans l’histoire de la Biélorussie et un appareil répressif d’Etat qui est largement derrière ce qu’elle reconnaît comme son Président.
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