Les autorités biélorusses viennent d’envoyer un message clair aux opposants, suite à l’acte de piraterie aérienne auquel nous avons assisté dimanche 23 mai. De fait, le blogger et activiste Roman Protasevich est accusé de terrorisme en Biélorussie et risque la peine de mort. Il se trouvait dans le vol de Ryanair reliant Athènes à Vilnius, qui a été détourné vers Minsk par l’action des services de renseignement biélorusses. Roman Protasevich a été à l’initiative de la chaîne Telegram NEXTA, qui a permis à l’opposition de se coordonner pendant plusieurs mois face au régime. Les protestations populaires ont permis à l’opposition biélorusse de recevoir le prix Sakharov en décembre dernier au Parlement européen.

Le bilan que nous pouvons tirer de la situation biélorusse est le suivant : les exilés ne sont pas intouchables, les opposants ont plus de peine à se mobiliser à Minsk, et l’appareil d’Etat reste en capacité de les toucher. Ce ne sont pas seulement la Lituanie, toujours en pointe, la Pologne ou quelques autres Etats qui doivent réagir, mais l’ensemble des Etats européens.
Dès lors, quelles sanctions prendre ? L’exclusion de la Biélorussie de l’association de l’aviation civile pourrait être envisagée, ainsi que des sanctions ciblées face aux agents ayant mené la répression, voire le Président lui-même. La question est bien celle de l’efficacité de ces sanctions, qui doivent affaiblir le régime et envoyer un message à la société civile. Ne rien faire après le piratage d’un avion allant d’un Etat-membre à un autre Etat-membre, avec des ressortissants européens, est tout simplement inconcevable.