Rencontre Biden – Zelensky : quels enjeux ? (PARMENTIER pour France 24)

Plusieurs fois reportée, pour cause de retrait américain d’Afghanistan et d’Ouragan, la rencontre entre Joe Biden (un demi-siècle d’expérience politique) et Volodymyr Zelensky (un nouveau venu politique qui s’est imposé à sa première élection en 2019) s’est néanmoins tenue.

Pour Biden, s’est le deuxième dirigeant européen qui est accueilli après Angela Merkel. Si le camp démocrate était très remonté face à la Russie suite aux élections de 2016, l’Ukraine était devenue une affaire intérieure américaine suite aux soupçons de corruption concernant Hunter Biden, le fils de Joe Biden (avec l’entreprise Burisma).

Le Président Zelensky cherche de son côté des soutiens pour l’Ukraine, qui subit une pression forte de la Russie. Particulièrement à un moment où certains cercles de pouvoir russes observent avec intérêt les conséquences du départ américains de l’Afghanistan, notamment pour les alliés des Etats-Unis. « Vous ne serez pas soutenus par eux, ils ne sont pas fiables », clament-ils. Pourtant, les dirigeants ukrainiens ne manquent pas de rappeler que la Crimée est ukrainienne et qu’ils préparent son retour – quand bien même il s’agit d’une perspective encore lointaine.

Parmi les sujets importants, le gazoduc Nord Stream 2 tient évidemment une place importante, puisque l’Ukraine estime qu’il a été réalisé au détriment de son rôle de pays de transit. Si le gaz est considéré en Ukraine comme une source de corruption, la diminution des frais de transit fera perdre 2 milliards de dollars à Kiev. Pour Washington, un accord avec Berlin sur ce sujet était plus important qu’avec l’Ukraine, mais cette dernière doit recevoir des compensations en contre-partie.

Pour l’universitaire et ex-ambassadeur en Russie Michael McFaul, il s’agissait de « réinitialiser les relations avec l’Ukraine », puisque si la transformation démocratique échoue en Ukraine, le projet de politique étrangère fondé sur les intérêts américains mais accordant une place importante aux valeurs a du plomb dans l’aile. Pas sûr que les 60 millions de dollars d’équipement de missiles anti-tanks suffisent à rassurer les Ukrainiens…