(Encore un) Recul face à la Russie : l’Europe, bien partie pour abandonner Mikheïl Saakachvili ?(PARMENTIER – Atlantico)

1) L’ancien président géorgien Mikhail Saakashvili est enfermé depuis début octobre en Géorgie, où il est revenu après plusieurs années d’exil. Il a débuté une grève de la faim. Comment expliquer que l’Union européenne n’intervienne pas ?

Il faut commencer par rappeler les faits. Troisième président géorgien, ayant accédé au pouvoir après la révolution des Roses (2004), Mikhaïl Saakashvili est connu pour son tempérament énergique, qui lui a valu de sourdes oppositions, en Géorgie même et chez le voisin russe. Après la perte du pouvoir en 2013, il s’est relancé dans une nouvelle vie politique en Ukraine : entre 2015 et 2016, il exerce des fonctions de gouverneur de l’oblast d’Odessa, en charge notamment de lutter contre la corruption.

Enfermé à son retour en Géorgie début octobre, il a commencé une grève de la faim, ce qui a amené une détérioration de son état de santé. Ses avocats souhaitent qu’il soit transféré dans un établissement médical adapté. C’est à ce titre que l’on dresse la comparaison avec Alexei Navalny.

Cependant, les Européens font face à des interrogations : faut-il prendre le risque de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un Etat ? Est-ce légitime et efficace dans ce cas précis ? Quelle est la nature des faits reprochés à Mikhaïl Saakashvili ?

 
2) Doit-on s’attendre à ce qu’elle le laisse à son sort ? Que pourrait faire l’Europe ?

Dans un premier temps, un certain nombre d’hommes et de femmes politiques ont déjà pris position en faveur de Mikhaïl Saakashvili, le plus souvent dans le camp conservateur, incluant notamment l’ancien président ukrainien Viktor Iouchtchenko, l’ancien président letton Valdis Zatlers, et de nombreux eurodéputés. Le motif de critique était connu d’avance : l’absence d’indépendance de la justice en Géorgie. La polarisation de la société, l’intimidation des opposants (politiques, journalistes, activistes) et la limitation de leur espace d’expression font également partie des critiques européennes.

L’Europe n’a pas besoin de se limiter à un magistère moral. En effet, la Géorgie fait partie, avec la Moldavie et l’Ukraine, des Etats avec lesquels l’Union européenne entretient les liens les plus étroits. Attention toutefois à bien penser les politiques de sanction : la menace des sanctions est parfois plus efficace que les sanctions elles-mêmes. Surtout, elle doit montrer qu’elle ne soutient pas un homme, mais des procédures de justice.

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