Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov est en Turquie afin de négocier l’ouverture d’un corridor humanitaire maritime proposé par Ankara. La relation entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan semble être l’une des clefs du conflit et permettrait de débloquer des denrées alimentaires ukrainiennes soumises au blocus russe.
« Avec l’ouverture de ce couloir, la Russie pourrait négocier l’abandon de sanctions de la part des Européens et des Américains »
Ce 8 juin, Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, s’est rendu en Turquie. Une éventuelle reprise des exportations de céréales en mer Noire depuis les ports ukrainiens est au menu de cette rencontre diplomatique. En effet, le commerce portuaire en Ukraine est sous blocus militaire depuis 3 mois. Alors que se dessine une crise alimentaire mondiale, Ankara propose comme solution un corridor humanitaire afin de faire circuler le blé ukrainien. Cette relation diplomatique est peut-être une voie afin de débloquer cette crise. La Turquie, alliée à Kiev, mais qui entretient de bonnes relations avec Moscou, sert aujourd’hui de médiateur attitré. D’un côté, elle vend des drones à Kiev. De l’autre, elle refuse l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN, dont elle est membre, faisant le jeu de Moscou. Selon le politologue Florent Parmentier, cette position d’équilibriste la rend indispensable dans le dialogue avec le Kremlin : « il y a une relation spéciale entre Erdogan et Poutine. Quand bien même les deux pays ont des intérêts différents, ils coopèrent étroitement. La Turquie semble donc avoir une partie de la solution à ce conflit ». Kiev et Ankara se seraient entendus sur les modalités d’un corridor céréalier, sous supervision de la marine turque, afin d’éloigner toutes suspicions de livraison d’armes vers l’Ukraine.
En effet, c’est l’une des craintes de la Russie. De plus, si Moscou consent à ce corridor, elle pourrait demander davantage : « avec l’ouverture de ce couloir, la Russie serait dans la capacité de négocier l’abandon d’un certain nombre de sanctions de la part des Européens et des Américains ». Même si les deux pays trouvent un accord, la mer Noire est truffée de mines. Peer De Jong, spécialiste militaire à l’institut Thémis prévient alors qu’il faudra d’abord sécuriser ce corridor : « créer un couloir est possible car les bateaux démineurs peuvent identifier les mines et savent les détruire au fur et à mesure. Pourtant, il est évident que cela va retarder l’ouverture de ce chenal économique ». En cas de désaccord, le président ukrainien Zelensky a déjà prévenu qu’à l’automne 75 millions de tonnes de blé seront bloquées en Ukraine. Autant de céréales qui manqueront pour nourrir les pays d’Afrique et du Moyen-Orient qui pour certains sont au bord de la famine.
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