Coincée entre l’Europe, le Caucase et l’Anatolie, la mer Noire — ou anciennement Pont-Euxin (« mer hospitalière ») chez les Grecs —, regroupe six pays littoraux (Ukraine, Russie, Géorgie, Turquie, Bulgarie, Roumanie) et accueille trois fleuves majeurs que sont le Danube, le Don et le Dniepr. Elle communique à l’ouest avec la mer de Marmara par le détroit du Bosphore, dont le point de passage le plus étroit ne mesure que 704 mètres, et à l’est avec la mer d’Azov par le détroit
de Kertch.
Jusqu’à présent, la bataille pour la maîtrise de la mer Noire a reçu moins d’attention internationale que les combats pour la maîtrise des terres, en dehors peut-être du naufrage du croiseur Moskva. Comment expliquer que la supériorité navale russe ne lui permette pas d’accéder à la suprématie espérée ?
En effet, la Russie est entravée par les capacités de défense côtière ukrainienne (missiles R-360) qui la contraignent dans sa manoeuvre militaire — pas de débarquement à Odessa, risque pour ses bâtiments de Sébastopol et en mer d’Azov ; la régulation turque du détroit du Bosphore l’oblige à négocier avec la Turquie, la pression internationale l’oblige à lever le blocus sur les céréales. De fait, la Russie n’arrive pas à transformer la mer Noire en un lac russe ; elle est obligée de composer.
Analyser les enjeux de la mer Noire permet donc de mieux comprendre l’évolution de la guerre, l’affirmation du rôle de la Turquie et l’importance du fait maritime en matière commerciale, halieutique ou navale. Autrement dit, la poursuite de la guerre autant que les voies de communication mettent la mer Noire au coeur de ce conflit, tant pour les principaux protagonistes que pour le reste du monde.
L’article, rédigé pour la revue Diplomatie et Eastern Circles, peut être lu en pièce-jointe.