Le 9 août 2020 marque des élections présidentielles et de la Biélorussie, où le président Loukachenko est au pouvoir depuis 26 ans. Assiste-t-on au crépuscule de son pouvoir ? Rien n’est moins sûr. Mais peut-être quelque chose est-il déjà en train de basculer.
Le pouvoir en place est entré dans cette campagne électorale dans un contexte où il a été fragilisé par un accroissement du mécontentement social, une usure du régime ainsi qu’une gestion hasardeuse de la crise Covid-19. À cela s’ajoute la perspective une crise économique majeure à l’automne.
C’est la raison pour laquelle le régime de Loukachenko a réduit la concurrence électorale selon plusieurs moyens : en amont des élections, l’interdiction de certaines candidatures (Viktor Babryka, Valery Tsapkala), le contrôle des médias, la multiplication des votes anticipés ; le jour du vote, une observation électorale réduite, l’empêchement du vote (“stratégie de l’escargot”) et d’autres méthodes.
Trois questions entremêlées devraient permettre d’y voir plus clair dans les prochains jours :
- Quel est le score réel de ces élections ? Quels sont les rapports de force politiques ? On est probablement très loin des 79% revendiqués par les institutions étatiques, mais le soutien réel et les forces de l’opposition sont à prendre en compte, avec une attention particulière pour Svelatana.
- L’opposition est-elle capable de se mobiliser durablement pour des manifestations, qui demanderont un certain nombre de ressources ? Comment réagira-t-elle à la répression ? Saura-t-elle rassurer une partie de la population effrayée par l’instabilité possible de l’après-Loukachenko, et s’appuyer sur le sentiment dégagiste ? Pour l’heure, Minsk et une vingtaine de villes voient de vives manifestations.
- Enfin, l’opposition ne pourra réussir sans s’appuyer au moins sur une fraction de l’appareil d’Etat – appareil répressif d’Etat ou appareil idéologique d’Etat – dont Loukachenko s’est assuré de la loyauté. La défection ne se fait pas sans risque.
En fonction de ces trois questions, trois scénarios peuvent se dessiner : le durcissement du régime (répression dans les prochains jours), ouverture du régime (incorporation d’une partie de l’opposition, qui est loin d’être uniforme sur un plan programmatique) ou l’amorce d’alternance (qui peut être rapide et brutale).
Dans ce contexte, il faudra suivre la Biélorussie, ainsi que l’action de l’Union européenne. Voisine de la Pologne, de la Lituanie et de la Lettonie, la Biélorussie mérite toute notre attention.