Quels sont les enjeux de la médiation russe au sujet du conflit arméno-azerbaïdjanais dans le Haut-Karabakh ?
Le fait de tenir cette négociation indique plusieurs choses. La Russie a pu se positionner comme un médiateur naturel, la France et les Etats-Unis ayant pris davantage cause pour l’Arménie à l’occasion du retour du conflit. Quant à la Turquie, elle a pris sans hésiter le partie de l’Azerbaïdjan, allant jusqu’à contribuer au conflit. Par ailleurs, la Russie dispose d’une diplomatie rompue à ce style d’exercice.
Le communiqué franco-américano-russe a pu apparaître surprenant au moment où le traitement de la Biélorussie et l’empoisonnement d’Alexei Navalny ont encore plus dégradé les relations. Les Européens et les Américains se concentrant sur des enjeux intérieurs. Dans ce type de négociations, il n’est pas seulement question de ramener la paix ; il faut que chacun puisse « sauver la face » ; pour l’agresseur, il s’agit de gagner du temps, voire de se montrer de bonne volonté : le conflit peut pendant ce temps continuer sur le terrain.
A défaut de trouver une solution maintenant, le Ministère des affaires étrangères russes s’efforcera de mettre fin aux hostilités – une manière, à cette occasion, de montrer que son influence reste prépondérante.
Comme le dit Richard Giragosian très justement par ailleurs, la Russie a de ce point de vue su isoler la Turquie et saisir à son tour le moment opportun pour intervenir dans le conflit – non pour le nourrir, mais pour y mettre fin. La paix, elle, réclamerait probablement une plus large coopération avec les Européens, notamment sur la réhabilitation économique et l’encouragement à une culture de la paix. Les différentes parties en présence le veulent-elles vraiment ?
